Les Bonay
Achat de la maison en pleine guerre
Le 17 novembre 1581 Arnaud Blanc vend à Dominique de Bonay (prononcer Bonaï), bourgeois, un "patus" de maison, rue Notre-Dame pour 13 écus devant m° Sales notaire à Caraman. Un "patus", c'est à dire une ruine, car Caraman et sa population ont beaucoup souffert, pendant un demi-siècle, des guerres de religions.
Caraman est une cité catholique. Pierre du Faur[1], vicaire général du cardinal d'Armagnac et visiteur épiscopal, note, lors de sa visite le 17 mars 1562, que la Réforme compte déjà cent à cent vingt adeptes. Ils se réunissent hors la ville et espèrent obtenir un ministre. En revanche le clergé catholique, qui comprend vingt-neuf ecclésiastiques[2], est très nombreux, et l'archiprêtre de Saignes, conseiller au parlement, dispensé de résidence, n'habite pas sur place. Les consuls, Etienne Pibres et Raymond Rastel, se plaignent au visiteur et vont jusqu'à accuser des prêtres de simonie, car ils mettent un certain prix à la célébration des mariages. Pierre du Faur défend aux prêtres d'exiger quoique ce soit pour les sacrements, sauf ce qui leur sera donné volontairement. Il leur rappelle qu'il s'agit non seulement d'une offense envers Dieu, mais aussi d'un scandale dont se servent ceux de la nouvelle religion pour égarer le pauvre peuple. (De quels revenus peut disposer cette pléthore d'ecclésiastiques ?). Il leur recommande aussi d'être plus discret dans l'utilisation des cloches, et de faire, jusqu'à nouvel avis, les processions à l'intérieur de l'église. Le premier acte du visiteur aura été d'admonester un religieux carme, dont il vient d'entendre le sermon. Il l'adjure de prêcher la vraie et pure doctrine de l'Evangile, sans y mêler les nouvelles opinions, qui entraînent le peuple à se séparer de l'Eglise et à la sédition. Enfin, Pierre du Faur désigne Pierre Brassié, vicaire de Caraman, homme capable et de bonne vie, pour visiter les cures et annexes de l'archiprêtré, en dresser des procès-verbaux et faire les remontrances qui s'imposent[3].
Six ans après cette visite, le 9 septembre 1568, mille à douze-cents huguenots forains, commandés par le seigneur de Saussens (Antoine de Bonvillard seigneur de) s'emparent de Caraman, grâce à la complicité des bourgeois de la ville : Pierre de Bonay, Antoine et Pierre Anel, et Pierre Ganil. Ils passent la ville à sac pendant dix-huit jours. Ils pillent et saccagent l'église, brisent autels et statues, brûlent les livres de chant et la toiture de la sacristie. Ils transforment l'église en boucherie, ainsi que le dénoncent les témoins[4], ils y massacrent plusieurs prêtres : Jean Migot de 60 ans, Jean Pommé, Jean Tutet, le caporal de Lanta, ainsi que beaucoup de gens mariés chargés de femme et enfants. Les vitraux sont arrosés et couverts de sang ! Ils font bombance dans la maison de Michel Maurel archiprêtre. Leur forfait accompli, ils déguerpissent vers Puylaurens avec cent vingts charrettes chargées de meubles pillés, et 25 pipes de vin clairet de l'archiprêtre. Auparavant ils ont ravagé, pillé, incendié, toutes les églises d'Auriac, celle d'Albiac. A Mascarville ils rompent les trois cloches, et avant de mettre le feu à l'église, ils prennent soin de déposer les tuiles pour que l'incendie se développe. Le parlement de Toulouse, le 6 décembre 1568, ordonne la saisie et la vente des biens des habitants professant la nouvelle religion, et qui sont en fuite. Ils ont pillé les ornements, les reliquaires et autres meubles sacrés, ils ont brûlé et ruiné l'église. Le produit de la vente sera affecté à la restauration de l'église[5]. C'est dans cette année 1568 qu'Henry de Navarre, le futur Henri IV, passe à Caraman[6].
Deux ans plus-tard, nouvelle épreuve, au début de l'année 1570, nous raconte Dom Vaissete, "l'armée des princes (Condé, Navarre et l'amiral de Coligny), se rendit d'abord à Caraman,..et ils prirent d'assaut la ville. Les habitants passèrent tous par le fil de l'épée, et les religionaires mirent le feu à la ville qui fût entièrement brûlée[7]". En effet, le 3 février 1570, ils enlèvent Caraman par force et tuent quinze prêtres, rompent les cloches, enlèvent le plomb qui couvrait le clocher, à moins que celui-ci ait fondu dans l'incendie. Ils brûlent aussi l'église de Lignerolles, Saint-Pierre-de-Massa, la chapelle de Saint-Prim, la maison de l'ermite et quatre beaux oratoires. Là encore, ils bénéficient de la complicité des bourgeois de Caraman : Pierre de Bonay, et Dominique son frère, Guillaume et Pierre Mercier, Guillaume Gasquet, Etienne Abbadye, Antoine Thomas. Les protestants, de 1570 à 1622, règnent sans partage sur Caraman. De cette place-forte, ils portent le fer et le feu dans les communautés voisines. Ils détruisent les églises de Cambiac et de Saint-Pierre-d'Aigats, celles de La Salvetat, de Lanta et Ségreville, volent le bétail de Tarabel et de Lanta. Plus loin encore, ainsi, le 5 mai 1590, le seigneur de Teulat (Jacques de Verdiguier seigneur de), capitaine huguenot, gouverneur de Caraman, est tué lors de la reprise de Montastruc par les ligueurs, commandés par le duc de Joyeuse. Bien des années après, en 1605, la communauté de Montcabrier réclame à celle de Caraman la cloche volée par ses huguenots ; Reversat, un huguenot de Caraman, vole les reliques des Saints Gervais et Protais de l'église de Castanet, il les rend avant 1615, mais sans le reliquaire[8]. Auriac, de son côté, est d'abord pillé par les protestants de Puylaurens en 1563, ils massacrent quelques catholiques ; de nouveau le 8 septembre 1568, la veille de la prise de Caraman, ils incendient l'église, puis celle de Notre-Dame-de-Lux, Saint-Antoine, Saint-Martin-de-Cabver, et celle de Layrabie. Enfin, le duc de Joyeuse chef des ligueurs, en 1591, s'empare de la place, la pille et la brûle, il n'y a pas de massacre comme à Caraman, car les habitants d'Auriac ont pris la sage précaution d'abandonner leur village[9].
Dominique de Bonay, celui qui achète la maison, est un fougueux protestant. Nous l'avons vu, déjà introduire ses coreligionaires dans la cité. Or le 15 août 1575, alors que Joyeuse et Cornusson (le sénéchal de Toulouse, François de Lavalette seigneur de), à la demande du parlement, viennent assiéger Caraman, une brèche est ouverte dans les remparts, par laquelle les catholiques toulousains montent à l'assaut. Le capitaine Mercier, qui commande les troupes de Caraman, est blessé, sur la brèche, d'une arquebusade. Dominique de Bonay le remplace ; protégé par sa cuirasse, le pistolet à la main et l'épée de l'autre, il surprend avec quelques hommes la compagnie ennemie qui arrive par le ravelin. Le capitaine Mercier, couvert de blessures et perdant son sang, va à cheval partout au devant du danger. Dominique, par sa témérité, fait échouer l'assaut et met l'ennemi en fuite. Enfin les secours arrivent de Puylaurens. Joyeuse et Cornusson doivent lever le siège à cause de l'intervention du vicomte de Puylaurens, du baron de Sénégas et du capitaine Deyme (Roger de Durfort seigneur de)[10]. Le 28 juin 1580 le vicomte de Turenne, du parti protestant, s'avance vers Auriac et Caraman, prend le château du Faget, et tue tous ceux qui s'y trouvent, puis il prend Toutens, Maurens, Moussens, Cambiac et quelques autres châteaux du pays[11].
Avant l'assassinat d'Henri III en 1589, "les politiques", quoique catholiques, se rallient déjà à Henri de Navarre, le dauphin légitime. Le duc de Montmorency, gouverneur de Languedoc est leur chef dans cette province, et se trouve donc allié aux protestants. Son représentant est Roger de Deyme, gouverneur des pays de Lauraguais, Villelongue et comté de Caraman[12]. Dans ces années 1585 ou 1587, Caraman sert d'avant-poste à la ville de Castres, contre les menaces toulousaines, et doit subir de nouveaux dommages, cette fois de la part des ligueurs ; à ce titre, Montmorency fait don, en 1587, de leurs tailles à ses habitants[13]. Montmorency, le 27 janvier 1588, donne l'ordre de retirer de Caraman et Revel, l'artillerie et les munitions, de les ramener à Castres, car l'ennemi qui est en force pourrait attaquer ces villes. Le capitaine Marchet est chargé de cette expédition, comme il ne peut pas compléter sa compagnie, l'assemblée de l'assiette de Castres lui substitue le capitaine Fabre[14]. Le 29 juillet 1592, le capitaine de Chambaud, célèbre chef protestant venu du Vivarais, est gouverneur pour le roi aux diocèses de Castres, Lavaur et villes de Caraman et Le Mas[15]. Enfin en mars 1596, la province est pacifiée, l'assemblée de Castres décide de faire revenir le canon, les deux coulevrines que le duc de Ventadour avait pris pour marcher sur Toulouse et qu'il a laissées à Caraman. Sénégas est chargé de cette mission[16].
Lors de la révolte de Rohan, de nouveau en 1620, l'église est brûlée. Les états de Languedoc, pendant leur réunion du 22 septembre 1621, se font l'écho des plaintes touchant les courses faites sur les grands-chemins par les réformés de Caraman et du Mas-Saintes-Puelles[17]. En avril de la même année, le parlement les décrète de prise de corps. Ils sont prévenus de courses armées, et de vols commis dans la contrée[18]. Cependant les consuls de Revel, Caraman et Puylaurens se rencontrent à Saint-Félix pour traiter de la trêve de labourage[19]. Ces consuls, malgré leur engagement dans les hostilités, catholiques ou protestants, sont compétents pour traiter au moins à deux titres : responsables du bien-être de leur communauté, ils savent que sans labours il n'y aura pas de récoltes donc disette, ils sont aussi et surtout propriétaires de métairies. Les protestants rendent définitivement Caraman à Bassompierre, le 30 juin 1622, et sans combat[20]. Le maréchal de Bassompierre fait raser les fortifications de Caraman et sans doute aussi le château, car dans le plan de la cité, de la deuxième moitié du XVIII°, donné en illustration, la place du Castella est déjà telle que de nos jours. En juillet 1625, de nouveau, le maréchal de Thémines, avec son maréchal de camp le comte de Caraman, affronte le prince de Rohan du parti protestant. Après avoir ravagé le pays de Castres, Thémines décampe vers le pays de Foix en passant par Lavaur, Caraman et Villefranche[21]. Au cours de ces troubles, Alexandre de Bonay de Soulenty, ajoutant à son nom celui de sa métairie de Caraman, fait bonne figure parmi les gendarmes de la compagnie d'ordonnance du duc de Rohan[22].
Pendant toute cette période Caraman est administré par les protestants. Si le juge d'appeaux et le juge ordinaire sont catholiques, ils résident l'un à Saint-Félix, l'autre à Banières, mais les deux lieutenants sont protestants, ainsi que le greffier, les quatres notaires, les médecins, la sage-femme, les apothicaires et chirurgiens. Cependant sur les quatres consuls le premier et le troisième sont catholiques, alors que leur sergent est protestant[23]. Les protestants sont protégés par le pouvoir royal, ainsi les lettres patentes d'Henri IV du premier janvier 1591 reconnaissent Caraman comme une des "églises" principales dans le diocèse de Toulouse, et désignent le sieur Barthe Thor, ministre, pour recevoir la somme de 400 livres. Selon certains mémoires l'exercice du culte a commencé dès 1576.
Qui sont les Bonay ?
Les archives de la famille citent d'après Dom Vaissete un Jean de Bonay sénéchal de Toulouse en 1418[24].
Nous connaissons les collatéraux de Dominique de Bonay par les actes ci-dessous.
- Le 1 avril 1586 quittance de dot donnée par Jean Saurret (Sauvet) marchand de la ville de Toulouse à sa femme Guillaumette de Bonay fille de Jeanne de Donat de la ville de Caraman.
- Le 4 février 1593 règlement accord entre Jean Clavier et Billebaud marchand et honneste femme Guillaumette de Bonay, veuve de Jean Sauret marchand, leur tante, référence à un acte du 01 février 1590 fait par Guilheme de Bonay et Jeanne de Donat, sa mère et de Dominique de Bonay, son cousin.
- Mais le 3 septembre 1593 Guilhemette de Bonay, veuve de feu Jean Faure marchand, achète 41 sols une pièce de terre située à Capmas à Jehan de Rémusat procureur royal.
- Jehan Sauret le premier époux de Guillaumette de Bonay, nous est connu, marchand à Toulouse, habitant à présent Caraman, il achète à Antoine Amiel d'Auriac une vigne à Caraman le 20 octobre 1582, puis le 18 juillet 1588 il achète à Raymond Vaysse un patus de maison près de la place publique.
Nous connaissons Dominique de Bonay par ses nombreux achats:
Le 21 octobre 1576 il achète à Raymond et Arnaud P???? du consulat de Caraman un patus et un jardin au faubourg de Lenglat ; le 7 mars 1581 à Arnaud Reynaud, marchand de Mascarville, une pièce de vigne et terre sise à la Plano del Vignes dans le consulat de Caraman, 76 écus pour 2 arpents ; le 4 mars 1582, à la veuve de Jacques Baron, une petite pièce de jardin au faubourg de Caraman derrière la porte de Langla pour 6 écus 2/3 ; le 11 février 1584 à Claire de Rogries, une vigne pour 100 écus ; le 21 février 1584 à Pierre de Gauch, marchand un patus de maison et jardin au faubourg de la porte de (illisible) de Caraman ; le 4 août 1584 de demoiselle Marguerite de Caumont, dame d'Artigues veuve de feu noble Jean d'Artigues sieur de Toutens, les biens titres et possessions que Jacques de Vic de Toutens (de Ver, dans Ramière de Fortanier) avait acquis par décés des héritiers de feu Pierre de Bonay dans le consulat de Caraman au lieu En Violines, il lui baille en échange titre et possession de La Garrigue au dit lieu et consulat de Toutens ; le 16 décembre 1584 de François Sorréal une pièce de terre dans le consulat de Caraman ; le 4 octobre 1587 d'Olivier Boudon laboureur de La Bastide de Beaumont, terre, vigne, près et bois de 4 arpents dans le consulat de Caraman, au lieu dit Salairon ; le 3 juillet 1589, à Bernard Timbaud, laboureur du consulat de Caraman pour 100 écus de terre ; le 8 août 1591, il échange avec Jehan Bonay, chaussatier de Caraman, une métairie dans le consulat Violaine contre 7 arpents ; le 28 mars 1592, de Bernard Robert et Jeanne Cazalle, mariés, des terres au lieu de Treilles au consulat de Caraman ; le 19 mars 1593, de Jean Pierre Faure et Anne Faure, femme de Bernard Timbaud laboureur de Caraman, d'une maison pour 25 sols, passé au faubourg de la porte de l'Aigle et Jardin de Dominique de Bonay ; le 11 décembre 1603 de Jean Gordal (?) de Cambrat une pièce de vigne au lieu de Saint-Four.
Qu'elle est l'origine de cette fortune qui permet ainsi d'acheter ? le pastel ? rien ne permet en l'état actuel de répondre à cette question. Dans l'inventaire de ses biens, Jacques Calages écrit : "au borde d'en Vieullèlle il y a un patus de moulin pastellier", mais ce moulin pastellier a été acheté déjà en ruine à monsieur de La Coste le 9 octobre 1691. Lors de l'acte du 19 mars 1593, ci-dessus, Dominique de Bonay habite encore une maison avec jardin, porte de l'Aigle; en 1672 puis 1692 son fils Jean et son petit-fils Jacques achèteront maisons et terrains autour de la maison rue Notre-Dame. De la maison des Bonay, nous reconnaissons la grande cheminée de la cuisine qui doit dater, comme une fenêtre avec un arc en accolade dans la basse cour intérieure, de la fin du XVI° s.
Les Bonay témoignent de rapports étroits par leurs épouses et leurs filles, avec la religion protestante : Damoiselle Claire de Bonay abjure la RPR le 4 juillet 1632, à Caraman. Nous retrouverons encore des protestants à la génération suivante.
Dans l'Armorial de France de d'Hozier, Jean de Bonay, sieur de Bourèles porte : d'azur à la bande d'or accompagnées de mouches à miel volant en barre et posées une en chef et une en pointe.
(Sur l'original, la généalogie, succession de l'Hôtel de Malbos)
Jean de Bonay
Il est le fils ou neveu de Dominique. Nous connaissons son premier mariage par un procès, continué par son fils Jean jusqu'à la fin du XVII°. Il épouse vers 1614 Claire de Bernard, de Francarville, fille de Philippe Bernard et de Jeanne de Forges, l'un des deux époux est protestant, car le procès se déroule devant la Chambre de L'Edit de Languedoc ; "n'ayant icelle peu compati ensemble..". La procédure nous indique que le mariage n'a pas été consommé. Claire de Bernard décède vers 1630.
Sa deuxième épouse Marie de Vigier, de Castres, teste le 15 septembre 1649. Le ménage aura au moins trois enfants qui semblent être au gré de leur existence l'un catholique et l'autre protestant, ou tantôt d'une religion puis de l'autre. La famille est épargnée par la peste qui sévit à Caraman en 1630.
1) Jacques Bonay né vers 1636, qui suit.
2) Jean Bonay, avocat aux cours de Caraman, né vers 1643, il épouse par contrat du 11 février 1671, devant m° Lanabré, notaire à Caraman, Clio de Prat. Elle est la fille de David Prat, marchand de Castres et de Marguerite Cambonne. Le 3 mai 1674, le couple a un enfant qui décède le 23, il est baptisé au temple, son parrain Pierre Bonay dit Lago et Marie de Guiraud sa marraine, en présence de Jacques Bonay bourgeois et de la dite Guiraud. Jean abjure le 25 novembre 1685. Le 4 novembre 1700, sur son lit, malade, Jean Bonay dispose de ses biens par testament mystique, en faveur de sa bien-aimée femme. Ce testament reste celui d'un protestant, le préambule religieux n'invoque ni la Vierge, ni l'Eglise, et quant aux honneurs funèbres, il reste prudent, car il les laisse à la disposition de son héritière[25]! Il décède cependant dans la religion catholique, à Caraman, à l'âge de 64 ans, le 28 octobre 1707.
Clio de Prat, sa veuve, teste le 2 juin 1708 devant m° Clausade. Elle décède le 12 septembre 1721 à Caraman. Son petit neveu Jacques Calages écrit dans son livre de raison : "Et comme elle mourut dans la RPR, elle ne fut point ensevelie dans le cimetière, et pour fixer le jour de sa mort, il fut fait une enquête sommaire le 15 dudit mois de septembre en forme de notoriété".
Jean fait partie du conseil politique de Caraman, il y représente notamment en 1643 la communauté protestante. Puis il devient "bon catholique", car le 12 mai 1703 il fait enregistrer devant la communauté, l'office de conseiller de ville, auditeur de comptes qu'il vient d'acheter. Il achète la métairie de La Belle, champs et vignes, à Jean Blanc dit Faudasse, le 20 octobre 1678.
3) Pierre Bonay dit Lago, sieur de La Gorse, né vers 1645, promu à une brillante carrière d'avocat au conseil, épouse à Paris Catherine Moussens. Sans postérité, il décède à Caraman le 9 novembre 1685, à l'âge de 40 ans. Cependant en 1678, il fait partie du conseil politique, puis consul, comme représentant la communauté catholique. Il est maintenu dans ses fonctions en 1679, après l'intervention de Louis de Froidour, (cf. infra).
Jean de Bonay divise ses biens entre ses trois enfants, à Jacques, la maison de la rue Notre-Dame et la métairie de Vieulèle ; à Pierre, la maison contiguë rue Notre-Dame et la métairie de Jeannet ou al Roc ; la Saurette dite d'Assolentis avec son colombier à Jean.
Jacques Bonay
Il naît vers 1636, et décède à Caraman le 17 avril 1722 à l'âge de 86 ans, dans la religion catholique.
Jacques Bonay épouse, le 30 avril 1663, Jeanne de Crevel (de Montauban ?) née vers 1639 ; Jeanne et sa fille Marie sont protestantes, car toutes les deux en présence de Barthélemy Calages, docteur et avocat au parlement, juge d'appeaux, et de Gabriel de Puybusque, curé, abjurent la RPR le 14 octobre 1684[26]. Avocat aux "petits cours", il représente la communauté protestante au conseil politique, comme prudhomme et jurat en 1662, auditeur de comptes en 1678. Il abjure à son tour le 25 octobre 1685.
Marie de Bonay, sa fille, épouse le 27 octobre 1691 Barthélemy Calages, qui suit.
Nous devons, sans doute, à Jacques Bonay, (ou à Jacques Calages son petit-fils), la coquille Saint-Jacques, sculptée dans la cour intérieure de la maison façade est. Jacques Bonay est-il allé en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle pour se faire pardonner ses liens avec la RPR ?
Achats complémentaires
Jean Bonay achète à François Mercadier une maison sise rue neuve et rue de la colombe 450 livres avec faculté de rachat, mais il doit faire 89 livres de réparations, maçon, charpentier et vitres, le 27 novembre 1692. Cette maison est revendue, le 24 janvier 1736, à François Azalbert hôtelier de Caraman.
Jacques Bonay, avocat aux cours de Caraman, achète aux consuls de Caraman, le 10 septembre 1692, 12 cannes[27] carrées de patus nihils, abandonnés depuis un temps immémorial, confrontant d'auta (sic) la maison dudit Bonay ; et le 12 août 1693, un bail à fief est passé devant m° Fontes, notaire à Toulouse, par m° François Vignes pour le compte de Pierre Paul Riquet, comte de Caraman, au sieur Jacques Bonay avocat aux ordinaires de Caraman, représenté par m° Barthélemy Calages juge d'appeaux, de 18 cannes carrées de maisons abandonnées depuis un temps immémorial, joignant la maison dudit Bonay. Le 26 octobre 1693, Jacques Bonay passe un accord avec Jacob Peysson, son voisin, au sujet des eaux du toit, et pour faire des fenêtres sur le ciel ouvert (la cour intérieure).
En juin 1786, lors d'un procès de voisinage entre Jean Petit le fils, perruquier, et la dame de Calages épouse de JL de Pagès Bannières, il est reproché à la famille d'avoir acheté 12 cannes carrées aux consuls et de s'être fait confirmer 18 cannes carrées par les Riquet.
De deux plans imprécis ou contradictoires, il résulte que la maison existe telle quelle, car les trois contreforts au sud sont indiqués. Sur la rue Notre-Dame (ou rue Jean Jaurès), la façade est identique, cependant à l'est, ce qui de nos jours est garage appartient à des voisins, et à la place de la chambre dite Tourtoulon, ces patus nihils ont été clos de murailles en 1767, puis construits à la fin du XVIII°, et achevés sous la Restauration.
La maison correspond à la description donnée par Jacques Calages, dans son livre de raison : "dans l'enclos de Caraman je possède une maison en soulier (à un étage) et ciel ouvert (cour intérieure) à la rue Notre-Dame".
Il faut attendre le 20 messidor, an IV, pour que Jean Louis de Pagès Bannières achète 850 livres, dont la moitié en numéraire métallique à Etienne Bousquet, une vieille maison en ruine, consistant en deux chambres, un bas ou chai, qui confronte au midi et au couchant la maison de l'acquéreur, au nord le mur de soutien de la rue Notre-Dame, la rue devant l'église à l'est. Le 9 juillet 1825, Sylvestre de Pagès Bannières, dame de Tourtoulon, échange avec Raymond Petit, menuisier, le haut de cette maisonnette contre une maison plus loin dans la rue, achetée au sieur Gaubert. Ce dernier achat permet aux Tourtoulon de réaliser la construction de l'aile est de la maison.
[1] - Abbé du Faget (Gers), maître des requêtes du roi et de la reine de Navarre, fils de Pierre, président du parlement de Toulouse et de Gauside Doulce de Pibrac.
[2] - Jehan Castanet, Ramond Pitorre, Guilhaume Joncquières, André Bérard, Ramond Vignol, Jehan Delcausse, Arnauld Hélies, Guillaume Basséguy, Jehan Ysarn, Martin Rodeilhe, Jehan Escaignac, Anthoine Pélicier, Jehan Dejac, Daniel Roze, Barthélemy Giril, Anthoine Hélies, Arnauld Tesseyre, Paul Hélies, Bernard Brassié, Anthoine Rigolac, Arnauld de Lacassaigne, Arnauld Pignol, Pierre Hélies, Anthoine Barutel, Ramond Gordon, Ramond Ginestet, Darde de Bosque, Anthoine Pélicier, vieux, Arnauld de Borderia.
[3] - A.D. 31 G43.
[4] - Cf. Jean Lestrade, p. 65 témoignage d'Etienne Gasc.
[5] - A.D. 31 B 62.
[6] - Marguerite Dufaur in Caraman, Vieille cité. (Article ?)
[7] - Cf. Dom Vaissete, t. XI p. 530.
[8] - Cf. Jean Lestrade.
[9] - Cf. Dom Vaissete, t. XI p. 813.
[10] - Cf. Jacques Gaches p. 216.
[11] - Cf. Dom Vaissete, t. XI p. 686.
[12] - A.D. 81 C 1185.
[13] - A.D. 34 B 22405.
[14] - A.D. 81 C 1018.
[15] - A.D. 81 C 1019.
[16] - A.D. 81 C 1021.
[17] - A.D. 31 C 2298.
[18] - Ce sont, le sieur de Saint-Amans, le sieur de Cugnac son frère, les sieurs de Ségalières et La Nogarède, les nommés Samuel dit Picabrère, Alric, Bassona, habitants de Caraman, les quatre frères de Linas dits Parisiens, Saint-Sernin, le capitaine Granague, Baron, Blanc, et 26 autres de Revel ou Caraman, et même un ci-devant archidiacre de l'Isle-d'Albigeois. A.D. 31 B 406.
[19] - Comptes du Diocèse de Toulouse (1620-1621) A.D. 31 C 708.
[20] - Cf. Laurentie.
[21] - Cf. Dom Vaissete, t. XI p. 686.
[22] - A.D. 34 B222684.
[23] - A.D. 31 45J5.
[24] - Cf. Dom Vaissete, t. IX pp. 1028 à 1030 1036 1037 1056 1083 1086 1090 1117 1119, destitué de ses fonctions en 1418 par les Bourguignons p. 1042, défend les intérêts du Dauphin pp 1044, 1126, 1131.
[25] - A.D. 31. E 1389.
[26] - Registre de catholicité de Caraman.
[27] - La canne est une mesure spécifique au Languedoc qui vaut environ 1 m 80.