Les Pagès Bannières

 

L'Hôtel de Calages passe aux Pagès Bannières par aliance.

 

 Jean Louis de Pagès Bannières

 

 Originaire de Saint-Jean-du-Gard, Jean Louis de Pagès Bannières naît en 1737 de Sylvestre de Pagezy du Caylou et de Dorothée de Fabre ; sa soeur Anne, épouse de Louis des Hours Calviac, (protestant), est la mère de Suzanne, femme de Louis de Lahondès, dont descendent les Lahondès Lafigère, Malbosc, Seauve, etc. Les Pagès ou Pagézy se qualifient de noble  et portent comme armoiries : de sinople au lion d'argent.

 

Jean Louis de Pagès Bannières épouse en 1760 (?), sans doute à Toulouse, Marie de Calages, fille de Jacques, "..la fonction qu'il remplissait à Caraman fut l'occasion de son mariage", nous dit Jules de  Lahondès ; travaillait-il déjà pour Jacques Calages ?

 

Sa famille

 

Le ménage a au moins six enfants suivant le livre de comptes de Jean Louis :

1) Jacqueline Dorothée naît le 29 Janvier 1761. Elle est baptisée le 30 janvier à la paroisse de Saint-Etienne de Toulouse "parrain mon beau-père, marraine ma femme"(?). Elle décède le 23 août 1761. Elle est donnée à nourrir à Jeanne Germier, femme de Barthélemy Jalabert du lieu des Gascons, paroisse de Caraman.

 

2) Jeanne Marie Sylvestre, naît le 8 mars 1762, et de qui nous tenons Caraman, qui suit.

 

3) Louis Anne naît le 17 avril 1763, à minuit et quart, baptisé le même jour à Saint-Etienne par m° Jean François de Fraxine, doyen du chapitre, parrain m° Louis de Fraxine, marraine Anne de Pagès Calviac. Donné en nourrice à Françoise Sébastien, demeurant au Moulin-de-La-Lande. Il décède le 11 juin 1765 à l'âge de 26 mois[1].

 

4) Marguerite Louise, naît le 20 novembre 1764, elle est baptisée le 27, son parrain, Louis des Hours Calviac, "mon beau-frère". Elle est donnée en nourrice à Jeanne Capelle, de Balesville.

 

Marguerite, que l'on appelle "Caylou" (sans doute parce qu'elle a dans son partage le domaine de Caylou dans le Gard, ou diminutif de Calages, comme l'écrit Jules de Lahondès). Elle épouse, par contrat du 26 mars 1785, de maîtres Jean Rossel et Paul Bordarier, notaires à Saint-Jean-de-Gardonnnenque, César de Tourtoulon, officier au régiment de Cambrésis infanterie, fils de Jean-François, ancien garde du roi, et de Nicole Charlotte Vincent d'Equevillay. Marguerite est dite habitante de Saint-Jean depuis environ six ans. Elle apporte en dot la maison que son père possède dans la grande rue de Saint-Jean, ainsi que la terre de Bannières, composée d'un château, ferme avec justice, haute moyenne et basse. Le contrat nous dit que cette terre faisait anciennement partie du patrimoine de la famille de Tourtoulon. Très aimable et très jolie, elle meurt subitement à Caraman en rentrant d'une promenade à cheval, le 27 février 1792, à l'âge de 28 ans.

 

César de Tourtoulon, veuf, épousera sa belle-soeur.

 

5) Jeanne Léonarde Félicité Angèle, naît le 5 mars 1770 à 11 heures du soir, elle est baptisée le lendemain à Caraman (?), je n'ai rien trouvé dans les registres de Caraman. Elle est donnée en nourrice à la nommée Guillalme, de Mascarville, à raison de 5 livres par mois.

 

On l'appelle en famille Pajou (diminutif de Pagès). Elle ne se marie point, ne quitte pas les Tourtoulon. Ils la trouvent morte d'apoplexie dans leur maison de Pamiers, le 21 Janvier 1820, en revenant de la messe pour le roi[2].

 

6) Louis Jacques naît le 14 août 1771 à 9h du matin, il est baptisé le lendemain à Caraman, le parrain est son grand-oncle maternel Louis de Fraxine baron d'Ornolac, et la marraine Marguerite Louise sa soeur. Il est donné en nourrice à la femme de Gaspard, d'Ouzac de Lanta, à raison de 5 livres par mois.

 

L'éducation de Louis Jacques se fait à Paris, sous la surveillance, et avec celle des enfants du chevalier du Bourg, seigneur de Saussens, ami de la famille[3]. Il suit les cours de l'académie, il apprend, d'après ses lettres, les mathématiques, le latin, l'anglais, l'italien, les armes, le clavecin, et le violon, et se destine à l'état militaire. Il meurt à Paris pendant le cours de ses études le 25 août 1783, à lâge de 12 ans[4].

 

Nous devons au ménage Pagès Bannières les stucs XVIII° du petit-salon et de la chambre au sud.

 

Mes enfants sont venus à Caraman dès les vacances qui ont suivi leur naissance, 1974, ils sont donc les premiers à habiter cette maison  en bas âge, depuis les enfants des Pagès Bannières au XVIII° siècle !

 

Cancer du sein. Charlatan ou grand médecin ?

 

Marie est malade, les Pagès Bannières reçoivent de Paris une consultation écrite de Dorez, du 23 pluviose an II ; il écrit qu'il envoie par la diligence de Toulouse, et à l'adresse du citoyen Thurier, une boîte contenant un pot d'Epythème, pour frotter la dureté cancéreuse du sein, ainsi que des suppléments au journal de Paris donnant les principes du cancer, ses progrès, sa fin horrible. Il s'est fait, contrairement aux médecins et chirurgiens, une loi impérative de le dire,  afin que les femmes se décident au traitement. Il faut donc se décider, car l'Epythème qu'il envoie ralentit seulement les progrès du mal, la dépense vaut la peine : "Et, citoyen, quel prix peut avoir l'aisance, si on n'a pas la santé". Un long post-scriptum suit, qui, à la fois, fait l'éloge de ses succès et noircit le tableau. Il ajoute : "Si votre épouse vient à Paris , qu'elle ne voit absolument aucun chirurgien ni médecin parce qu'à coup sûr ce sont mes ennemis déclarés".

 

Le 19 fructidor an II la citoyenne Marie Calages Bannières se fait dresser un passeport : taille 5 pieds, cheveux, sourcils gris, yeux bleus, nez aquilin, bouche moyenne, menton rond, visage ovale. Le passeport est contresigné : permis de rester à Paris trois mois, le 6° complémentaire an III. Le citoyen Pagès Bannières s'installe à l'hôtel de Russie, rue Traversière (St) Honoré, n° 776, où Pajou, sa fille lui écrit le 30 septembre, elle s'inquiète de l'état de santé de sa mère, et souhaite que l'intervention de Doré soit efficace. Dès qu'elle a reçu la dernière lettre de son père, elle s'est empressée de donner à Thuries des nouvelles de sa femme. Quant à Marie, nous ne savons pas, nous ne connaissons que la note d'honoraires de Dorez qui s'élève à 100 000 livres ! 80 000 pour la guérison du cancer du sein, et 20 000 pour la guérison d'une autre dureté presque sous le bras du même côté, trouvée depuis l'arrivée à Paris, et qui n'a pas été déclarée dans la consultation, avec acomptes et solde de 5 000 livres payés à la fin du traitement. Daté du 5° jour complémentaire de l'an III.

 

Bien entendu Jean Louis revient veuf à Caraman, car Marie est décédée à Paris le 5 octobre 1795. 

                               

                                           Sa carrière

 

L'intendant d'Auch, Pierre Etienne Journet, baron de Beauche, par lettre du 9 décembre 1769, envoie à Jean Louis de Pagès Bannières, sa commission de subdélégué en remplacement de Jacques  Calages, son beau-père. Il exerce avec talent et efficacité sa charge de subdélégué dans le comté de Caraman, dans de multiples domaines : voirie, recrutement militaire, entretien des cures, fiscalité, formation des sages-femmes, etc., en témoignent les dossiers conservés dans la maison. Une religieuse dans une lettre évoque sa "probité romaine".

 

               Lutte contre l'épizootie

 

Une épizootie, la peste bovine, au début du règne de Louis XVI désole toute la Guyenne et le Languedoc. La lutte contre cette calamité mobilise, de novembre 1774 à janvier 1776, non seulement les intendants de ces provinces, les états et les différents diocèses, avec leurs plus hautes autorités, mais aussi la force armée. La peste a été introduite au port de Bayonne par une cargaison de cuirs venue de Hollande. Le 15 novembre 1774, le comte de Périgord, gouverneur militaire du Languedoc, place les troupes sous les ordres du baron de Cadignan[5], colonel commandant la légion de Lorraine, infanterie et dragons. Interviennent 3000 hommes d'infanterie, et 600 hommes de cavalerie ; ce sont les régiments d'infanterie de Bourbon, de Conti, de Savoie, de Touraine, avec une partie du régiment d'Angoumois, des détachements des régiments de cuirassiers de Royal Navarre, cavalerie de Jarnac Dragon, et les légions de Condé de Lorraine. Cadignan est un officier de mérite, nous dit Dom Vaissete, fort galant homme, d'un esprit aimable et conciliant..tout en prenant au sérieux la mission ingrate et fatigante, il se ménage dans la province les plus cordiales sympathies. Le but de l'opération militaire est d'empêcher le fléau de passer sur la rive droite de la Garonne, avec des revers et des succès. Hélas, en juillet 1775, le massif du Lauraguais est fortement attaqué, la rive droite est percée jusqu'à Lavaur[6] !

 

Jean Louis intervient dans cette guerre, investi de tout le pouvoir régalien ; certaines lettres, côté adresse sont barrées "Affaire du Roy".

 

Il agit par l'intermédiaire des curés de paroisse, des commissaires locaux appuyés par la maréchaussée, et des consuls des communautés, ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Monsieur de Cessales notamment, critique, "..car les seigneurs de la paroisse ne sont chargés de rien, les ordres sont signifiés aux consuls par un arrêt souverain, alors qu'ils ne savent pas lire" ! Curés, consuls ou commissaires rédigent des états, inspectent les écuries, les font nettoyer, désinfecter par fumigation, et enseignent tout celà à ceux qui ne le savent pas. Ils surveillent si il y a des bêtes nouvelles, ils inspectent aussi les fosses ; les maréchaux, qui font office également de vétérinaires, sur leurs ordres abattent ou soignent les bêtes avec les drogues que leur fait porter le subdélégué. Jean Louis répercute les ordres de l'intendant. Il rencontre à Toulouse, l'intendant de Bordeaux, Jean Etienne Bernard de Clugny, qui remplace temporairement celui d'Auch Journet, après son décès, et l'autorité militaire, le colonel de Cadignan. Ce dernier dans sa lettre du 3 juin 1775 est très sec, il lui reproche de ne pas lui avoir déclaré les bêtes assommées, "..vous n'ignorez pas monsieur que je commande les troupes en Languedoc..", et il l'invite à venir le voir à Toulouse. Il vient lui-même à Caraman le 20 septembre 1775 au soir, il s'y trouve encore le 28 novembre. Le 25 octobre 1775, Cadignan tempère le zèle de Bannières, "..il faut adoucir le joug..", les bordiers de Villefranche, lieu sain, peuvent aller aux foires et marchés de Caraman, avec un passeport de mm les consuls et curés ; "..la seconde ligne qui s'établit derrière le camp n'est qu'une ligne d'observation". Mais quelques jours après, le 8 novembre, les ordres sont plus stricts, il faut faire refluer à l'intérieur du camp, tous les bestiaux qui ont été en contact avec les écuries infectées, pour les assommer. Le roi les indemnisera. Le comte de Périgord protège le camp où se réfugient les bestiaux sains par un barrage qui va de Bourg-Saint-Bernard à Montgiscard.

 

C'est à dire depuis la métairie de Cinquanton, la dernière dans la partie méridionale de Bourg-Saint-Bernard, on remontera le Dagour par la rive droite, on passera le ruisseau au-dessus de la métairie d'Empachon située au confluent du ruisseau d'Engaillague et le Dagour. De la métairie d'Empachou on se portera sur celle d'Engaillac, où se trouve un moulin à vent, ensuite sur celle de La Garrigue, de là à celle d'Enselve. D'Enselve à la métairie d'Enroche de là à Engacelle et Fonnant sur le territoire de Lanta. De Fonnant on se dirigera sur la métairie de Punti puis sur celle de Castillon, de là au Rougot avec les métairies dépendantes de Saint-André. Puis la métairie d'Entouret, Estallon à la metairie de Pierre-Petit dépendante de Sainte-Appolonie. On traverse la Saune pour arriver à la grande borde de M. Ainen, puis au château de Fressinet.  On se portera à la métairie de Taix puis à la Pierre et delà à Calmontet, dépendant de Sainte-Appolonie. De là à celle du Nègre, celle de Mme. de Coisade, et tout le territoire de Villèle, consulat de La Bastide-Beauvoir. De là on se dirrigera sur l'église de Villèle, on traversera la Marcaissonne rivière pour arriver à la métairie de la Truffe. Au hameau de Damiac puis à l'église Saint-Pierre-du-Levant de Fourquevaux et de là à Martin et Palis. La rive gauche de Palis et Monlaur sert de ligne jusqu'à l'embouchure de ce dernier dans la rive droite de l'Hers d'où l'on se porte à l'écluse de Montgiscard où l'on retrouve la ligne des troupes baraquées. Communautés de Caraman à émigrer qui se trouvent entre la ligne de démarcation et celle du camp. La partie de Vendine enfermée dans le camp sera émigrée, ainsi que Francarville Saussens et Prunet. La partie de Magradouin, et la partie de Mascarville enfermée dans le camp seront émigrées. Les parties de territoire des consulats de Caraman, Maureville, Caragoudes et Mourville-Basse, entre les deux lignes seront émigrées[7].

 

 

Puis Cadignan, le 11 février 1776, enjoint à messieurs de Valay de Martouville et de Rotalier de seconder par tous les moyens monsieur de Bannières, subdélégué et commissaire nommé en cette circonstance... monsieur de Rotalier de concert avec monsieur de Bannières s'occupera de toute la partie droite du chemin de Toulouse à Auch entre la Gimoune et la Save, et avec monsieur de Gouttelongue, subdélégué d'Alan, de la partie gauche du chemin. Enfin de Toulouse le 8 août 1776, Cadignan s'adoucit et écrit: "Mon cher Bannières..".

 

Les ordres de Jean Louis sont aussi sévères que l'exige la situation : les bestiaux ne doivent pas communiquer d'une communauté dans l'autre, sauf pour les bêtes à laine si elles ont un certificat prouvant qu'elles n'ont pas de maladie dans le pays d'où elles viennent ; chacun garde le bétail sur son propre fonds, éviter la compascuité (au titre du droit de vaine pâture, les troupeaux paissent en commun) ; Paul Arnaud et Jean Alba de Loubens, sont verbalisés, ils ont fait paître leurs bêtes ensemble, elles se retrouvent aussi à l'abreuvoir ; dans ce cas, les paysans peuvent être arrêtés, surtout si leurs écuries sont infectées. Les consuls doivent forcer les paysans à laver à l'eau dans laquelle on a fait tremper du sel ou du vinaigre, leurs bêtes à laine, les poulains et les mulets, avant de les mener à la foire. Pour éviter la contagion, les ouvriers qui n'ont pas de bestiaux, sont payés pour creuser les fosses. L'intendant Gabriel Douet de La Boullaye, successeur de Journet, fait défense de faire le commerce des cuirs non tannés, et des laines en suint. Interdiction de vendre aux boucheries autres que celles du lieu, sauf si la bête est égorgée, et ce, avec l'autorisation du commandant, car l'obéissance est due au commandant des troupes. La garde bourgeoise, commandée par un soldat doit assistance aux troupes de ligne. Les consuls ont en permanence un homme pour porter les lettres, les soldats ne doivent pas être distraits de leur tâche. Si il y a trop de chemins à surveiller, il faut les faire rompre par les journaliers. Le commissaire Pader de Loubens écrit le 10 août 1775 : "..pour monter la garde jour et nuit, certains de Saussens se récrient à cause de leur âge, vous me fites l'honneur de me dire qu'il n'y a d'exemption qu'à 70 ans, ils ne me croient pas, veuillez m'envoyer les ordres par écrit". Un des récalcitrants, tailleur, se dérobe pour monter la garde, "..il ne faut pas lui pardonner, car il y a aussi des mutins et le riche doit montrer l'exemple.." écrit Clavelier. Auger brigadier de la maréchaussée seconde dans cette tâche le subdélégué.

 

L'abbé de Véri[8] écrit que les habits de laine de ceux qui visitent les bêtes malades portent le mal aux bêtes saines, en allant des unes aux autres, il faut donc porter des habits de toile. Il ajoute que le militaire ne connaît que les ordres supérieurs, il ignore les arrêts du parlement d'où conflit avec ce dernier. Raynal, fonctionnaire de l'intendance, le subdélégué de Toulouse[9], est assez aigre à l'égard du parlement qui s'arroge l'autorité jusqu'à qu'un arrêt du conseil du roi, du 9 novembre 1775, tranche en faveur de l'intendant, mais aussi à l'égard des militaires. Ils menacent les uns de leurs épées, ou de coup de bâton, les autres de la prison ou de les conduire à leurs chefs attachés à la queue de leurs chevaux. Pourtant un soldat coupable d'exaction est signalé au baron de Cadignan le 20 avril 1775, il a exigé des finances, il est puni un mois après[10]. Hélas ! Autre calamité, les soldats transmettent la vérole aux femmes du pays, les maris imprudents les invitent souvent à boire un coup chez eux, et font entrer ainsi le loup dans la bergerie, nous raconte monsieur de Monmedan, de Verfeil[11]. En terme plus académique Raynal écrit que le séjour des soldats campés dans les baraques ou cantonnés dans les villages, où ils se trouvent à l'abri de la surveillance des officiers, corrompent la pureté des moeurs qui semblait s'être retranchée parmi les habitants des campagnes. Mais outre le mal moral, il y a le mal physique et la honte de faire l'aveu déshonorant de ses dérèglements. Que d'aventures ! C'est le curé de la Bessière, en janvier 1775, qui se moque des ordres du subdélégué de Lavaur, il fait rassembler, le jour de la saint Blaise, tous les troupeaux de sa paroisse pour les bénir[12] ; le 8 avril 1776, lors de la désinfection des écuries de la métairie de monsieur de Rabaudy à Monthyron, le feu consume ses écuries et deux granges[13].

 

Les instructions de novembre 1775[14] fixent le principe de l'indemnisation des troupeaux sur la base suivante : Les bêtes assommées sont payées au tiers de leur valeur. Il faut dépeupler de tous les bestiaux la partie infectée du diocèse de Toulouse, soit en les employant en salaisons, soit en les consommant dans les boucheries, soit en les faisant passer rive gauche. Dans ce dernier cas le tiers est payé au propriétaire, le bétail est remis à des particuliers qui s'engagent à en payer la valeur si dans un an le bétail est sain et sauf. A ce moment là l'administration récupère le tiers qu'elle a avancé et le propriétaire les 2/3 qui ne lui ont pas été payés. L'administration compte beaucoup sur l'esprit de charité des habitants pour que le système fonctionne! Les propriétaires qui cachent la maladie de leurs bestiaux et qui après avoir épuisé toutes les charlataneries viennent les déclarer pour les faire assommer au moment où il n'y a plus d'espoir sont déchus de leurs droits. Les bêtes saines étant payées trois fois plus que les malades, certains introduisent la maladie chez eux pour ne pas perdre deux tiers de la valeur de leur bétail[15]. Les règles sanitaires et écologiques sont respectées. Un médecin ou un vétérinaire doit être présent lorsque les boeufs sont abattus, il doit par l'examen des excréments et des viscères vérifier si la bête est comestible ; les fosses doivent être creusées à plus de vingt toises des rivières ou ruisseaux, à cause des inconvénients qui peuvent résulter des pluies et inondations.

 

Les gentilshommes voisins s'inquiètent, le 9 juin 1775, monsieur de Nicolas écrit que "..la tuerie faite chez le pauvre monsieur Le Blanc a beaucoup alarmé, les ordres ont été outrepassés..", quant à lui il a perdu trois bêtes à corne et fait appel au subdélégué humain et intelligent, il ajoute : "..on reproche à monsieur Journet (l'intendant) beaucoup d'indolence" ; monsieur de Villeneuve du Crozillat écrit le 10 avril 1776 au sujet des sept bêtes de sa métairie de Vendine, "..je suis trop mince sujet du roi et trop soumis à ses volontés pour aller contre". Et Pagès Bannières confirme : "monsieur de Villeneuve, en bon serviteur du roi, n'est pas pressé de se faire payer. Il souhaite une indemnisation d'abord, pour l'avantage des malheureux moins en état que lui de supporter une perte". Ils ne sont pas épargnés non plus par l'épizootie, un rapport fait état, chez les Villèle, au château de Mourville-Basse d'une fosse de 27 bêtes, et une autre de 23 au château de Campouliac ; et presque autant chez monsieur de Montauriol. Jean François de Gounon Loubens, écrit à Jean-Louis le 20 janvier 1776 : "J'appris ici (à Fourquevaux) que la ligne pour l'émigration tombait au milieu de mon bien et me le partageait, en sorte que de six métairies que j'ai ici, trois se trouvent à l'intérieur de la ligne et les trois autres en sont dehors". Il n'oublie pas de saluer en fin de lettre madame de Bannières et Jacques Calages. Les notables renâclent devant les responsabilités, Martin Lamotte dans une lettre du 11 octobre 1775 à Pagès Bannières écrit : "Quant à moi, je n'ai pas besoin de nouveaux ennemis... Je ne veux point de cette commission (d'estimateur des bêtes abattues)... il n'y a qu'un ordre du roi qui peut me forcer à accepter". Cependant Martin Lamotte obéit.

 

Le 27 décembre 1775, le secrétaire de l'intendance d'Auch, Duclavié, informe Jean Louis de Pagès Bannières que monsieur de Clugny, intendant de Bordeaux est chargé par le ministre de toutes les opérations concernant l'épizootie en l'absence de Journet. Il le convoque pour le rencontrer à Toulouse : "Je ne lui ai point laissé ignorer avec quel zèle vous aviez rempli jusqu'ici vos fonctions". Le 28 février 1776, Douet de La Boullaye, le nouvel intendant d'Auch lui confirme : "vous pouvez continuer sur le même plan toutes les opérations, je vois avec plaisir qu'elles sont conduites avec intelligence et activité[16]". Pour son efficacité, l'action de Jean Louis s'étend, sans doute à cause de son expérience, au delà du comté de Caraman, jusqu'à Montferrand, puis en mars 1776, jusqu'à Grand-Selve et Grenade, sous les ordres du baron de Cadignan, avec le commandeur de Valay. L'intendant l'autorise à punir de la prison un premier consul réfractaire, il l'engage à parcourir Auvillard, Lectoure et Beaumont, avec Nègre : "..il ne faut point dans cette circonstance de fausse délicatesse et craindre de blesser en marchant sur l'arrondissement d'autrui[17]". Cependant il y a des tiraillements, le 25 mars, l'intendant de Gascogne lui reproche sa rivalité avec monsieur Nègre, et de s'être enfermé par dégoût ou par honneur chez les moines de Grand-Selve[18] !

 

Le comte de Caraman intervient lui-même, le 19 mars 1776, notamment auprès du baron de Cadignan, pour qu'il retire les troupes qui sont à Caraman, la réponse de Cadignan, qui obéit, ne manque pas d'élégance, elle s'adresse à un grand seigneur. Le comte de Caraman transmet les doléances des habitants de son comté pour les dévastations faites par les soldats et non payées ; il s'intéresse dans sa lettre du 17 septembre 1776 à la repopulation, mais attend les ordres du ministre, "..une lettre de monsieur de Maurepas me laisse des espérances à ce sujet".

 

Dénouement tragique

 

Nous avons vu l'intendant féliciter Pagès Bannières pour son zèle, mais il n'en est pas de même pour tout le monde. Le conseil du roi, nous l'avons vu ci-dessus, s'est résolu à recourir au système des indemnisations partielles au tiers de la valeur de tout animal abattu, il s'agit là d'une mesure d'incitation. Malheureusement, les primes, qui doivent couvrir l'abattage précoce d'animaux suspects, sont détournées de leur but et octroyées pour du bétail parvenu à l'ultime stade de la maladie. Dès l'été 1775, la somme considérable d'un million de livres est déjà déboursée, un deuxième million au début de 1776, et les états nouveaux de remboursement s'élèvent à cinq millions de livres supplémentaires[19]. "On a été même plus loin", écrit l'abbé de Véri : "les gens commis par l'intendant à cette vigilance ont vendu de ces procès-verbaux d'abattage, sans qu'il y eut une seule bête tuée". Le ministère convoque Pierre Etienne Journet, intendant d'Auch, pour obtenir des éclaircissements, mais celui-ci, homme intègre trahi par ses subalternes, voit son honneur perdu, il ne cherche pas à se justifier. Les reproches vifs que lui fait Turgot dans la lettre de convocation, et le fait que son collègue Clugny, intendant de Bordeaux, a ordre de passer dans son intendance, dès qu'il en serait parti, pour continuer la lutte contre l'épizootie, lui tourne la tête. Il ne résiste pas à cette humiliation, et le 30 décembre 1775, il met fin à ses jours dès son arrivée à Paris,"il s'est coupé le col avec un rasoir"[20].

 

Nous avons là un bel exemple de l'absolutisme à la veille de la révolution de 1789. Le zèle relève plus d'une administration centralisatrice, qui préface celle qui suivra au XIX°, que de la volonté du roi. Cette administration est-elle technocratique, et son action est-elle vraiment efficace ? Nous ne saurons dire si le fléau de cette peste bovine est mort par épuisement, ou du fait des efforts des autorités. Les remèdes proposés paraissent bien empiriques, mais les mesures draconiennes appliquées sont raisonnables et novatrices. Cette action d'envergure engage des sommes considérables qui effraient la Cour, mais sont-elles excessives ? Raynal évalue la dépense des militaires, pour la province à 460 000 livres, pour les particuliers à 900 000 livres, et la prime à 3 millions de livres.

 

       L'union du comté de Caraman avec le Languedoc

 

 

 

Jean Louis de Pagès Bannières mène un combat d'arrière-garde contre le rattachement du comté de Caraman au Languedoc. Il est vrai que ce combat se double d'une rivalité de personnes très forte entre Jean Louis, et Guillaume François Baron de Montbel, successeur de Jacques Calages comme juge d'appeaux du comté.

 

Au temps des Riquet, le comté de Caraman, qui s'étend sur 10313 hectares, regroupe 16 communautés : Caraman, Loubens, Saussens, Caragoudes, Francarville, Vendine, Prunet, Lasbordes[21], La Clastre[22], Mascarville, Albiac, La Salvetat, Cambiac, Ségreville, Saune[23], Mourvilles-Basses, avec près de 6000 habitants sous sa coupe. Il relève sur le plan fiscal de l'élection de Lomagne. Les impôts ne sont pas répartis comme en Languedoc, par les états, mais par les administrateurs ; cependant, depuis l'assassinat du collecteur, les deniers du roi se portent à Toulouse, au lieu de Lomagne. Le comté est soumis à la corvée[24], contrairement au Languedoc ; en revanche, ce dernier supporte le droit de l'équivalent, qui est plus lourd.  Parmi les privilèges, la faculté est accordée à tous les habitants du comté de posséder des biens nobles et allodiaux[25]; l'exemption pour les notaires et maîtres des métiers du paiement du marc d'argent et de finance au nouvel avènement à la couronne, et dans tous les autres cas ; l'exemption du logement des gens de guerre, moyennant l'entretien d'un certain nombre de lanciers au pays d'Agenais[26]. Le comté est mouvant de la couronne, il est sujet au paiement du droit de lods et vente sur le pied au denier douze, dont 14 sols pour livres sont pour le roi, et les 6 sols aux officiers du Domaine[27]. Les hommages au roi doivent être rendus au juge mage de l'Isle-Jourdain[28]. Le comté sur le plan administratif, comme nous l'avons vu, relève de l'intendant d'Auch[29], au lieu de celui de Montpellier. Cependant, sur le plan religieux, le comté appartient bien au diocèse de Toulouse ; sur le plan militaire, il doit obéissance au gouverneur de la province qui réside dans cette ville ; et ses députés ont siégé aux états de Languedoc. Il est régi, comme le Languedoc, par le droit écrit, et c'est un pays de gabelle contrairement à la Guyenne. A la vérité, le seigneur, le comte de Caraman, et son juge d'appeaux sont les deux seuls facteurs d'unité du comté, qui ne possède pas d'instance représentative[30]. 

 

L'emprise du canal du midi a été bénéfique pour le développement économique du Toulousain, mais il ne me semble pas que cette influence ait été ressentie à Caraman. Sans doute à cause du relief et du fait que les routes ne sont percées que très tardivement. Par exemple[31] en 1743, quand est ouverte la route de Lavaur à Castelnaudary, elle ne passe pas par Caraman mais par Puylaurens et Revel. La route de Baziège à Caraman est seulement percée en 1771 et terminée en 1788. La réparation, en 1774, du chemin de Toulouse à Revel (à Caraman elle passe près de l'hôtellerie de Mississipy) a été entreprise, dans le comté, par la corvée. Mal faite, elle doit être reprise en 1777, sans meilleur résultat[32]. Elle est recommencée dès 1779, mais les travaux sont terminés dans le comté de Caraman seulement en 1782 et 1789, après le rattachement du comté au Languedoc. Des projets mirifiques sont imprimés pour désenclaver le pays, notamment rendre la rigole de Revel navigable.

 

Caraman, du XVII° au XVIII° siècle, dort sur ses lauriers. La force de son consulat tient à des raisons historiques et économiques. Le seigneur est loin, ne réside pas sur place, et les bourgeois dynamiques du XVI° siècle, au beau temps du pastel, ont su consolider les droits obtenus par leurs ancêtres. Il faudrait comparer les données de l'économie et de la démographie de Caraman avec celles de la cité voisine de Puylaurens, protestante, pour affirmer que ce déclin est la conséquence de l'émigration des bourgeois protestants. Il est certain, comme l'écrit Dom Vaissete, que cette administration morcelée a eu pour conséquences inévitables le défaut d'ensemble et d'harmonie, la contrariété des vues, les retards, les obstacles dans l'exécution des projets arrêtés, notamment en ce qui concerne les routes et travaux publics[33].

 

La démographie, nous l'avons vu, s'est réveillée à la fin du siècle, mais le rédacteur du recensement de 1791[34] la rend responsable de la misère : "les rigueurs et les vices de l'ancien régime, écrit-il, ont rompu l'équilibre en forçant les enfants à se marier trop jeune ; ils se sont énervés d'abord, et bientôt dégoûtés de leurs engagements ils ont cherché des jouissances criminelles et ruineuses, leurs femmes pleurent dans leurs maisons, tandis qu'ils se plongent dans la débauche. Cependant leurs enfants grandissent et demandent du pain". En fait les jeunes se marient plus tôt pour échapper au recrutement de la milice et le perfectionnement des conditions d'accouchement a limité la mortalité infantile. Le rédacteur met en cause le mauvais état des routes : "la voie de communication entre le canton et le district (Revel) est presque interrompue... Les chemins vicinaux ou de traverse sont impraticables pendant huit mois de l'année, et pendant cet espace de temps la ville de Caraman, qui est l'entrepôt des denrées du canton, est inabordable, le commerce languit, la circulation est ralentie ou presque nulle et tout est dans la stagnation".

 

Pour faciliter le rattachement au Languedoc, au siècle précédant, en 1602, monsieur de Chefdebien, général des Aides à Montpellier, procède à un arpentement de tout le comté. Il est assisté du sieur de Montcalvel, envoyé du marquis de Sourdis, et du sieur d'Audibert, député par la communauté. Les lettres patentes sont de septembre 1660. Le 3 mars 1661, le juge et premier consul de La Coste , et monsieur Dupuy proposent à la communauté d'aller à Paris pour faire sceller les lettres patentes pour la réunion du comté au Languedoc. Mais le 5 mars suivant, Mazuer, procureur comtal, prétend que le marquis de Sourdis, comte de Caraman, s'oppose à cette réunion. Heureusement, il n'en est rien, le marquis de Sourdis y est favorable et propose même d'intervenir auprès du chancelier pour le scellement des lettres. Il le confirme par lettre du 21, la communauté lui fait une lettre de remerciement. Les envoyés La Coste et Dupuy, rendent compte, le premier mai 1661, de leur voyage à Paris. Le comté est imposé, sur le Languedoc, pour 12000 livres. Et pourtant, le 26 août 1663, la communauté apprend que le roi a fait une déclaration révoquant les lettres patentes, qui ont été obtenues "subrepticement". Quel est donc ce contre-pouvoir assez puissant pour faire revenir le roi sur sa décision ? Est-ce la Ferme ? En effet le "traitant" a demandé soit de jouir des tailles du comté, comme faisant partie de son bail, soit de percevoir une indemnité[35]. L'intendant de Guyenne de Pelloc demande au comte de Bieule, lieutenant général, de faire tenir des gens de guerre dans le comté, pour le contraindre à payer la taille. Alors que la taille a déjà été payée à la province de Languedoc !  Les états de Languedoc doivent s'incliner, en février 1664, ils décident de restituer au comté de Caraman les sommes qu'il a payées pour le droit de l'équivalent, lorsqu'il était uni aux taillables de  cette province[36]. La communauté, le 11 avril 1680, délibère encore sur ce sujet[37]. Nouvelle procédure : un arrêt du conseil du roi du 4 septembre 1742 renvoie le dossier pour avis aux intendants de Languedoc et d'Auch. Un nouvel arrêt, du 7 janvier 1744, confie le dossier à Jean Orry, contrôleur général des finances. Le 25 juillet 1759 l'intendant d'Etigny écrit au contrôleur général, qu'avec l'intendant de Languedoc de Saint Priest, ils ont chacun nommé un commissaire pour rendre compte de l'affaire au conseil conjointement ou séparément. Il objecte, car le syndic du Languedoc s'appuie sur un arrêt de 1742 qui ne parle que de l'édit de 1660 favorable à sa thèse et pas de celui qui l'a révoqué en 1663[38].

 

"On ne peut pas disconvenir, écrit Jean Louis de Pagès Bannières, que le régime de cette province, (Languedoc), ne porte avec lui une ombre de liberté, qui ne se trouve point dans les pays d'élection, mais ce n'est qu'une ombre, et l'avantage réel est de payer moins de charges". Son beau-père Calages, écrivait : "Ce qui est considéré aujourd'hui comme un désagrément était autrefois considéré comme une prérogative" ; toute une philosophie déjà dépassée à la veille de la Révolution !

 

Jean Louis de Pagès Bannières aiguillonne l'opposition dans les différentes communautés, notamment auprès de celle de Saussens par l'intermédiaire de son ami le chevalier du Bourg, seigneur de Saussens. Vincent, consul de Saussens, s'adresse en 1778 aux membres du conseil politique  : "Quelle position doit-on prendre, quant au projet de détacher ledit comté de l'élection de Lomagne et de la généralité d'Auch, pour l'incorporer au diocèse de Toulouse, auquel il appartient géographiquement ? ". Il conclut : "Ma charge de consul jointe à mon coeur patriotique m'oblige à dire que l'on court de grands risques. Vouloir se joindre au Languedoc, c'est quitter une province qui nous traite avec douceur pour nos impositions, pour nous livrer à une province endettée... Nous n'ignorons pas que depuis moins de vingt ans les charges ont doublé dans la province de Languedoc". La communauté de Saussens envoie une supplique à l'intendant d'Auch le priant de la considérer comme "opposante" à la réunion au Languedoc[39]. Des libelles circulent l'un anonyme, l'autre sous le titre de : Réfutation de l'ouvrage anonyme intitulé, observations sur le projet d'union du comté de Caraman à la province de Languedoc, est signé du juge d'appeaux Baron de Montbel, Jalama, Auger, Boulières, consuls. Le chevalier du Bourg se démène. Dans ses lettres non datées, il dénonce dans l'une le plat mémoire de Caraman. Dans une autre : "..la communauté de Mascarville devrait bien tenir une délibération que les commissaires aient à lui rendre compte de leurs opérations sur la réunion afin de constater si il y a ou non des avantages à la dite réunion". Il se flatte d'obtenir une délibération semblable de Francarville. Dans un post-scriptum, (quelle société de province bien évoluée en cette fin d'ancien régime !) il ajoute : "Nous attendons avec impatience la suite de l'Arétin[40]". Enfin il évoque une lettre anonyme, dont ils sont, tous deux, victimes : "Y-a-t'il capucinade plus bête, l'auteur nous déclare ennemi du trône et de l'autel". Ce fragment de libelle[41] de la main de Jean Louis de Pagès Bannières relève-t-il de ces polémiques ?

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Que vous fassiez courir ce bruit

Chez ce peuple qu'un rien séduit

Que profitant de son prestige

Notre orgueilleux bailli exige

Des trophées et des honneurs.

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Sur ce sujet, Victor Maurice comte de Caraman se montre très ferme, d'abord lors de sa visite le 17 octobre 1763, quand il est venu prendre possession de son comté. Auparavant, le 25 septembre 1763, le comte écrit à Jacques Calages : "Mon intention est de venir à Caraman pour connaître ceux qui l'habitent... Je ne suis pas assez au fait des cérémonies de l'hommage pour savoir s'il peut se différer, ou si on aime mieux le rendre au comte ou à celui qui est chargé de sa procuration... Je fais plus de cas du coeur des hommages de Caraman que de la forme de l'hommage, et je souhaite d'y être plus aimé que révéré". Il lui donne rendez-vous à Naurouze le 4 octobre, et conclut : "Je vous embrasse, mon cher Calages, de tout mon coeur". Ce 17 octobre 1763, les plus notables sont allés à cheval à sa rencontre, ils lui ont présenté les clefs de la ville, le comte a fait beaucoup de promesses : contribuer de ses propres fonds à l'amélioration des chemins, ce qui a été réalisé ; faire réduire le don gratuit imposé avec la capitation et même payer de ses propres deniers la première année ; et d'employer son crédit suivant la volonté de l'archevêque pour la réunion du comté au Languedoc[42]. Le lendemain la fête continue. Albiac reçoit le comte accompagné des juges de Caraman et d'Albiac, le procureur comtal et consuls d'Albiac, des artisans sous les armes au son des fifres et tambours. Le seigneur entend la messe à Caraman et à Albiac[43]. Enfin, au sujet de la réunion au Languedoc, le comte confirme, 10 octobre 1778, à Jean Louis de Pagès Bannières que les lettres patentes sont scellées et sont irrévocables. Il lui rappelle que beaucoup de personnes l'ont accusé d'avoir fomenté des oppositions à ce rattachement, et lui conseille de s'occuper de la réunion des esprits, de l'oubli des vivacités réciproques. Mais dans une autre lettre, du 13 février 1779, il précise que la plus grande impartialité sera le principe de ses démarches, l'intendant et lui-même désirent la paix, et qu'il écrit dans ce sens à Montbel. "Votre réunion avec monsieur de Montbel, l'oubli parfait de tous les actes" lui enjoint-il de nouveau le 11 avril 1779. Enfin, le 17 mai 1779, il lui confirme encore, qu'il observera la plus exacte neutralité dans les divisions qui règnent à Caraman,  "..le plus grand mal dans une ville peu considérable ce sont les partis qui gèrent la société". Il propose la médiation des abbés Colbert et Grumot, grands vicaires de Toulouse, qui sont ses amis et qui ont autant d'esprit que d'honnêteté. Les états de Languedoc ont eu des velléités de "nationaliser" le canal, les Riquet ont-ils échangés la garantie de leur propriété contre l'indépendance du comté ?

Finalement, un arrêt du 20 janvier 1780, qui suit un édit de mai 1779, rendu à Marly, réunit le comté de Caraman à l'assiette fiscale du diocèse de Toulouse et au Languedoc. Cependant Th. Puntous souligne que l'union financière souleva de telles difficultés qu'on y renonça en partie. "La distinction entre pays d'état et généralité d'élection apparaît là, profonde, en quelque sorte irréductible". Calages a-t-il raison ? La révolution de 1789, neuf ans plus tard, dans la nuit du 4 août, se chargera de faire table rase de toutes ces particularités. Sur le plan financier, les états de Languedoc prévoient ce qui doit être payé au trésor royal en raison de ce retour du comté[44] ; et dans les dépenses de l'assiette du diocèse de Toulouse figurent pour 2592 livres, les indemnités dues aux officiers de l'élection de Lomagne, pour tous dédommagements des droits, du fait de la perte de taillables, dont ils sont désormais privés[45].

 

     L'édit de réunion et le triomphe de monsieur de Montbel

 

En juin 1779, Jean Louis est sur ses terres à Bannières, près de Saint-Jean-du-Gard[46], ce qui nous vaut le courrier de sa femme et de Martin Lamotte, avec une plume trempée dans le vinaigre. Marie, lui écrit le 11 juin 1779, que l'édit de réunion devait être enregistré la veille au parlement, le sieur Danil doit le rapporter de Toulouse, il a recommandé qu'on aille au devant de lui, avec la fanfare, "..et tout couronnés de lauriers comme des têtes de cochon". Le 23 juin, elle écrit que Montbel est à Toulouse, il a composé une chanson dont il tire vanité, toute en faveur de l'administration de Languedoc, il distribue ses éloges au  commandant, à l'intendant, à Besaucele et à Raynal, qu'il met sur le même plan. Des réjouissances sont prévues lors de l'enregistrement  de l'édit à Caraman ; une grand-messe sera chantée, et monsieur Roche, doit prononcer un discours, "..il y aura de l'emphase". Dans sa lettre, du 26 juillet 1779, Martin Lamotte nous décrit la manifestation, le zèle de Danil, secondé par l'énergumène Barthe, monsieur de Montbel se tuant à dire que c'est malgré lui et qu'il n'est pas maître de Danil. Alors que, modestement, il souffre que ses domestiques et charpentiers  dressent devant sa porte, un arc de triomphe et un couronnement, qui tiennent toute la rue, embarrassant la maison de Calès et pour partie celle de Vaisse. L'enregistrement se fait en grande pompe, le procureur Courtial, qui avait promis à Martin Lamotte, de donner quelques leçons au juge d'appeaux, fait au contraire un réquisitoire d'éloges, puis le juge fait un discours au peuple, "..on dit qu'il s'enivra de l'encens qu'il se donna à lui-même".

 

              Du charme au prêtre défroqué

 

Au début de la révolution de 1789, Jean Louis est administrateur du département, maire de Caraman, puis destitué ; à la recherche d'un impossible juste milieu, il nous a laissé les brouillons des discours enflammés qu'il a prononcés le 14 Juillet 1791 ou 92.

 

La lettre ci-dessous écrite par Sylvestre, sa fille, en pleine Terreur en août 1793, sur plusieurs jours, au fur et à mesure du déroulement des événements, nous permet de la suivre dans ses démarches pour sortir son père de prison. La souris joue avec le gros minet ! Ansas prêtre défroqué est le terroriste de Caraman. La ponctuation inexistante, et l'orthographe phonétique ont été rectifiées.

 

     "Ma chère maman,

 

  Ansas est enfin arrivé hier après dîner. Je n'ai pas été le trouver, parce qu'il avait un grand discours à prononcer le soir au GLOUP (?), où il devait faire sa profession de foi. J'y ai donc été ce matin, une première fois pour lui parler, et à Batut[47], du certificat que vous m'aviez envoyé. Il s'en est chargé, j'ai péroré , mais vous savez qu'il ne rend aucune réponse. Après lui avoir parlé tantôt honnêtement, et tantôt lui avoir reproché indirectement ce qu'il pouvait avoir dit ou fait contre nous, je me suis retirée, en lui recommandant bien de me le faire signer de suite. Il me l'a promis le plus honnêtement possible. (En nous en allant, il m'a dit qu'il avait dîné dimanche avec Reyniers, je lui ai répondu que Reyniers[48] avait une femme jeune et jolie, il a été fort surpris, et j'ai su depuis que réellement, il s'est intéressé à la sollicitation de cette femme, pour la sortie de son mari, et qu'ils ont dîné tous les trois). De retour ici, j'ai reçu le certificat, avec un billet, en me disant que la commune avait pris un arrêté pour ne point signer de certificat, qu'elle ne signerait que des pétitions. De suite, j'ai pris cette pétition que vous m'avez mise parmi les moniteurs, et j'ai été chez Ansas. Il était à la commune, je l'ai fait prier de venir chez lui, je lui ai fait voir cette pétition, et nous avons convenu que je la transcrirai, et que je la mettrai sous mon nom, en y changeant quelques petites choses. Dès que j'ai eu fait, je suis revenue la porter, il avait fermé la maison commune. J'ai été chez lui, il m'a promis d'assembler le conseil cet après dînée. Il est deux heures, et je n'entends pas la cloche.

 

Si vous pouviez vous procurer quelques livres de poudre à poudrer, il faudrait envoyer le poivre en grain. Rien de nouveau, les oies sont arrivées, le cochon ne viendra apparemment que demain, nous ne pouvons vous envoyer le pâté que vendredi, en attendant nous vous envoyons un chapon rôti, et un cru que vous pourrez donner à la C T, et une marque de pain, un peu de fruit. Jeannette fit bien son voyage, elle eut froid et arriva fort tard, nous commencions d'être en peine.

 

Le porteur ne va pas à Toulouse de demain, il tue son cochon, il ira mercredi. Si il y avait eu de bonnes nouvelles, je vous aurais envoyé un exprès. Je viens de l'envoyer chez Ansas, il n'a rien fait, il m'a fait dire qu'il viendrait me parler demain matin. Je suis bien lasse de lui, et de toute la municipalité, mais que faire encore ? Si je pouvais réussir. Batut ne m'a pas remis le permis, il a cependant mis en écrit, à la maison commune, la quantité de millet que nous avons employé.

 

Me voici à 8 h du soir, et bien en colère ! J'ai eu ma pétition répondue ce matin, d'une façon à ne pas pouvoir m'en servir ! Elle nous ferait plus de mal que de bien. Hier au soir, Ansas me fit dire qu'il viendrait ce matin me parler, il n'est pas venu, il m'a envoyé la pétition, et m'a fait dire qu'il viendrait ce soir. Il est venu pour me dire qu'il avait appris hier au soir qu'on l'accusait d'avoir contribué à l'arrestation de mon papa, et qu'on lui avait dit le tenir de St Jean[49], il en est au désespoir. Il ira, dit-il, lundi ou mardi à Toulouse, et voir mon papa pour le dissuader (?) ; et s'il peut lui rendre service, il lui prouvera par là qu'on l'accuse à faux. La citoyenne Reyniers s'est adressée au comité de salut public de Toulouse, il faudrait que mon papa fit une pétition. On dit qu'Ansas est cause que Reyniers est sorti, il ne me l'a pas tout à fait avoué, mais qu'il avait accompagné la citoyenne quelque part, et il a parlé à des citoyens du comité. Si Reyniers est à Toulouse, vous pourriez lui parler, s'il est dans son moment de bonasse, il pourrait vous dire comme sa femme a fait, elle avait fait une pétition à la commune de Caraman, qu'elle s'est bien mieux gardée de la montrer. Sa réponse valait encore moins que la mienne. Je vous l'envoie, si vous pouvez la faire voir à mon papa, sans que personne la voie. Vous la montrerez, il verra là de quoi on l'accuse. C'est une commune, qui ne voulait pas être de son parti, qui l'a dénoncé. Je verrai Ansas avant son départ, et quoique moins jeune et moins jolie que la citoyenne Reyniers, je tâcherai de l'engager à faire quelque chose pour nous, il me l'a déjà promis. Peut être que la conscience lui reprochant, il voudra adoucir les remords. Je lui ai reproché la mission avec Petit, il a été un peu surpris. Il faut, que si il voit mon papa, il lui fasse bien sentir sa faute, car il n'a pas su la nier, c'est un grand gueux ! Cependant, il faut tâcher de s'en servir, si nous le pouvons. Je vous envoie des lettres, celle de ma tante a été ouverte à une poste, je ne sais quelle, elle m'a été remise décachetée[50].

 

Le Département a rendu un arrêté, qui porte que tous ceux qui payaient 20 livres d'imposition mobilière, donneront une chemise neuve. J'ai acheté de la toile, avec Beton et Salomon, nous avons fait la chemise et ce dernier l'a portée lui-même à la municipalité avec une étiquette. Elle me coûte 6 livres 15 sols.

 

Le porteur n'est point parti de bon matin, comme à son ordinaire, il va partir, je lui ai bien recommandé d'aller chez vous en arrivant. Si vous voyez mon papa, dites lui que s'il croit à propos de faire quelque chose, il me le marque,  je le ferais de suite. Je vous souhaite le bon jour à tous". (Sans signature).

 

Dans ses protestations de républicanisme, le 23 août 1793, le citoyen Bannières, qui réclame sa liberté rappelle qu'il a été élu premier maire de Caraman presque à l'unanimité : ".. l'aristocratie eut à frémir et dirigea contre moi les traits les plus envenimés..". Il défend les prêtres assermentés. Il fait, en 1791, gratter les armoiries du portrait du comte de Caraman que ce dernier a offert l'année précédente, car depuis la nuit du 4 août une loi de 1790 interdit tous ces signes extérieurs[51]. (Ce portrait est détruit lors d'une émeute). Puis il est nommé administrateur du département et membre du directoire départemental, mais la Convention casse les élections et il n'est point réélu. Il participe, après une troisième tentative à la création de la société populaire de Caraman. En mars 1793, le comité de salut public suspend la municipalité de Caraman, il est alors nommé procureur de la commune : "..le fiel dont on a abreuvé mon administration n'a point ralenti mon zèle..". Enfin il se défend du péché de fédéralisme : "..j'ai toujours pensé le fédéralisme comme une extravagance et la perte de la république[52]..".

 

Ansas à son tour est emprisonné, dans sa protestation imprimée, intitulée "Hommage à la vérité", il raconte que nommé curé constitutionnel de Saint-Julia, poursuivi par 80 femmes, il n'a pas pu prendre possession de sa cure. Il se décide alors à abandonner l'état ecclésiastique pour se marier. Il y renonce, car le procureur-syndic du district de Revel l'envoie à la cure de Caraman "..siège du fanatisme et de l'aristocratie..". Il y arrive, le 19 août 1792, mais toutes les portes lui sont fermées. Son sacerdoce dévoyé l'amène à créer la société populaire, puis à inaugurer, en octobre 1792, le temple de la Raison. Une enquête est diligentée par les autorités départementales pour savoir si la société populaire de Caraman et Anssas ont donné leur adhésion au parti vaincu des Girondins. La protestation solennelle en faveur de la république une et indivisible et les demandes de poursuites contre Roland et Pache ne sont pas convainquantes pour les inquisiteurs, car des pages compromettantes du registre de délibération ont été arrachées[53] ! le conseil de Caraman refuse, le 8 mars 1795, de délivrer un certificat de civisme au citoyen Ansas, il lui reproche entre autres d'avoir dénoncé calomnieusement Bannières[54].

 

Mais beaucoup de personnes innocentes de Caraman sont emprisonnées pendant la Terreur[55]. Les Baron, par exemple, paient un lourd tribut à la révolution de 1789. Marie Jeanne Baron veuve d'Ignace de Villèle est incarcérée parce que son fils, alors âgé de 29 ans, est accusé d'émigration. Depuis qu'il a été reçu à l'école militaire il n'est plus sous son autorité, elle l'a vu pour la dernière fois à Caraman le 20 avril 1788. Guillaume François Baron de Montbel, juge d'appeaux, est enfermé dans l'ancien couvent de la Visitation à Toulouse. Il est séparé, depuis plus de 18 mois, de son épouse Jacqueline de Puybusque, incarcérée à Saint-Sernin, et ce malgré cinq enfants en bas-âge. Il rappelle pour sa défense qu'il n'est pas noble puisqu'il a payé le franc-fief, ni père ni frère d'émigré : "..lorsque deux ministres d'un Dieu de paix[56] vinrent m'accabler du poids de leur scélératesse, non content de m'avoir fait arrêter le 25 avril de l'année dernière, ils eurent la barbarie d'envelopper dans leur prescription deux de mes enfants âgés de 17 ans et de 14 ans, qui ont partagé mon triste sort pendant 8 mois, et fait arracher, à main armée, d'un département voisin ma femme, alors occupée du sacré devoir de soigner deux enfants moribonds..". Il aurait pu écrire aussi, qu'en son temps, il s'est opposé à l'absolutisme royal en refusant d'enregistrer, à la cour de Caraman, les ordonnances Maupéou contre les parlements[57]. Jean Joseph Antoine Baron dit la Dragonnière, chevalier de Montbel a été arrêté, le 25 avril 1793, dans sa maison de Caraman. Il est resté jusqu'au 3 mai à la maison d'arrêt de Revel, puis transféré à Toulouse. Il est suspect à cause de ses opinions politiques, alors qu'il a ruiné sa petite fortune au service de Stanislas (Leczinski) et de Louis XV. Quant à l'accusation de fanatisme, il répond qu'il a été lié avec des juifs, anabaptistes, luthériens et calvinistes. Enfin il a organisé la garde nationale de Caraman dont il a été nommé major[58]. Jeanne Marguerite Baron et son mari Jean Joseph Bret Milhau, leur fille Honorée Bret Milhau sont détenus, lui à la maison de la Visitation et elles à Saint-Sernin depuis le 5 avril 1793. Pour leur défense, ils invoquent le fait d'avoir donné le drapeau de la légion d'Albiac, où ils ont une partie de leurs biens[59]. Jean Baptiste de Bonvilar est dénoncé par Ansas, le premier germinal an II, comme aristocrate, il a refusé de monter la garde au début de la Révolution, il a fallu le décorer de deux épaulettes pour qu'il s'exécute. S'il s'est fait recevoir à la société populaire et élire président, c'est pour mieux organiser la révolte[60]. Pour sa défense Bonvilar, enfermé à la Visitation, invoque sa philanthropie. Il a été nommé directeur de l'hôpital de Caraman en 1771. Au mois d'août 1792, un incendie ravage le quartier le plus pauvre de Caraman, il double le produit de la quête[61]. Quant à Guillaume François de Rabaudy, il a émigré de novembre 1791 à avril 1792, mais il est revenu avant les lois contre les émigrés, il est cependant incarcéré quoique presque aveugle[62].

 

Lors de l'insurrection royaliste du comte de Paulo d'août 1799[63], l'administration du canton de Caraman installe dans la maison le commandant de la place et son état-major, qui tiennent table ouverte, aux dépens des Pagès Bannières. En revanche, à Saussens chez les du Bourg, la situation est plus dramatique. Monsieur du Bourg raconte qu'avec son fils, capitaine de cavalerie, le 8 août 1799, il offrait des rafraîchissements aux troupes conduites par Vidalot : "..mais à l'instant mon malheureux fils reçut un coup de fusil qui l'étendit mort sur ma porte. Cette bande de forcenés s'empara de moi, de ma femme et nous fit marcher sur le corps de mon fils..[64]".


[1] - R.C. de Caraman.

[2] - Jules de Lahondès.

[3] - Lieutenant-colonel à la fin de l'ancien régime, suivant une lettre non datée qu'il envoie à Pagès-Bannières A.D. 31 E 1386.

[4] - Lettre Jules de Lahondès.

[5] - Charles Dupleix, baron de Cadignan, d'une famille originaire de Condom en Gascogne, il décède à Saint-Domingue en 1779.

[6] - Cf. Dom Vaissete, t. XIII p.1232 à 1266.

[7] - Ceux qui , pendant la guerre d'Algérie, ont ratissé des cantons entiers se souviendront de ce type de manoeuvre.

[8] - Journal de l'abbé de Véri. Librairie Plon 1928 t. 1 p. 347 et t. 2 p. 30.

[9] - Cf. Raynal.

[10] - A.D. 34 C 612.

[11] - Léon Maux : Une épidémie de fièvre aphteuse à Verfeil, au XVII° S. In Lettre des amis des archives de la Haute-Garonne n°133.

[12] - A.D. 34 C 612.

[13] - A.D. 34 C 613.

[14] - A.D. 32 C 28.

[15] - Cf. Raynal.

[16] - A.D. 32 C 27.

[17] - d° Lettre du 10 03 1776.

[18] - A.D. 31 E 1386.

[19] - Olivier Zeller : Une politique d'abattage ratée sous Louis XVI, le Monde du 18 mai 1996, et revue l'Histoire n°202, septembre 1996.

[20] - Pidonsat de Mainrobert : L'observateur anglais ou correspondance secrète entre mylord All'Eye et mylord All 'Ear Londres 1776. In Revue de Gascogne t. VII 1867 p. 385.  La famille avait fait répandre le bruit qu'il avait été assassiné par son valet de chambre. Lettre du chevalier du Bourg à Pagès Bannières, non datée : " La prompte mort de M. Journet m'avait fait dire, quand j'en appris la nouvelle, qu'il pourrait bien l'avoir aidée, et je vois que j'avais deviné juste. Il faut être bien faible".

[21] - Lasbordes est un consulat indépendant de Prunet, jusqu'à la Révolution. G. Levaché op.cit..

[22] - Commune indépendante, rattachée d'abord à celle de Prunet, puis à celle de Mascarville en 1847. Cf. G. Levaché.

[23] - Actuellement dans la commune de Caragoudes, consulat indépendant au XVII° siècle. G. Levaché op.cit..

[24] - En Languedoc., les travaux des chemins sont payés par l'impôt, la corvée stigmatisée tant par Necker que par le parlement de Toulouse, pour les généralités d'Auch et de Montauban, qui sont dans son ressort, y est inconnue.

[25] - Dans le diocèse de Toulouse également: "La terre est marquée de façon indélébile, elle est taillable quelle que soit la qualité ou le domicile du propriétaire roturier ou noble. Elle est roturière ou noble, dans le premier cas elle est sujette à l'impôt, au contraire le franc alleu en est exempt, même entre des mains roturières".  Th. Puntous op.cit..

[26] - Pendant les périodes de trouble cette exemption n'est pas respectée, cf. in archives communales les protestations de la communauté pendant le XVII°.

[27] - A.D. 32 C452. Il s'agit d'un droit, dit casuel, très lourd au profit du trésor royal, mais seulement lors de la vente du comté lui-même ;  vente sous réserve de l'accord du roi.

[28] - Arrêt de cassation du Conseil d'Etat du 30 03 1666, contre le juge mage qui abuse des épices, à la requête du marquis de Sourdis comte de Caraman.

[29] - Cf. avant-propos.

[30] - Les limites de l'archiprêtré de Caraman  ne correpondent pas à celles du comté. L'archiprêtré  couvre de Saint-Julia à Odars, mais Loubens, Saussens et Francarville relèvent de celui de Verfeil. Cf. Carte du diocèse de Toulouse, Hubert Jaillot début XVII°s.

[31] - Cf. Georges Frêche p. 777.

[32] - A.D. 34 C 1069. 2457 toises des limites de la communauté de Lanta à l'abreuvoir de Caraman et 1454 toises jusqu'à celle d'Auriac.

[33]  -  T. XIII p. 117.

[34] - A.D. 31 1 L  277.

[35] - A.D. 34 C 6.

[36] - A.D. 31 C 2315.

[37] - A.C. 4D2.

[38] - A.D. 32 C 13.

[39] - Cf. G. Frêche, thèse p. 588.

[40] - Pierre L'Arétin (1492-1556) poète licencieux italien.

[41] - A.D. 31 E 1386.

[42] - Délibérations du 12 03 1764, 11 11 1764, 18 11 1770.

[43] - Relation du curé Daurignac, in Michel Puget : Vue d'Albiac. 1990.

[44] - A.D. 31 C 46.

[45] - A.D. 31 C 791.

[46] - Y. du Guerny et B Bonifas : Maisons fortes et châteaux de la Viguerie d'Anduze. Alès 1990.

[47] - Officier municipal de Caraman.

[48] - de Reyniers, maire de Caraman en 1792.

[49] - Il s'agit du domestique de la maison, Saint-Jean Beton, natif de Cordens diocèse de Lectoure, engagé le 31 mai 1769. Il figure encore dans le livre de comptes en 1831.

[50] - En cette fin de XX° siècle, les écoutes téléphoniques sont-elles plus discrètes et plus efficaces ?

[51] - A.D. 31 E 1387.

[52] - A.D. 31 1L 384 (23-24).

[53] - A.D. 31 1L 392.

[54] - Cf. Guy Salles.

[55] - Cf. aussi Guy Salles.

[56] - Ansas et Poujade.

[57] - Cf. Dom Vaissete t. XIII p. 1350.

[58] - A.D. 31 1L 385.

[59] - A.D. 31 1 L 391.

[60] - A.D. 31 1L 392.

[61] - A.D. 31 1L 387.

[62] - A.D. 31 1L 429.

[63] - Cf. Guy Salles, et J Godechot : La Révolution dans la région midi pyrénnées.

[64] - A.D. 31 1L 493, et Guy Salles op.cit..