Vivre à Caraman au XVII° et XVIII° siècles
Gestion de la communauté de Caraman
Jacques Bonay, le 28 août 1695, fait enregistrer l'office d'assesseur de la communauté qu'il vient d'acquérir (lettres patentes données à Versailles le 2 décembre 1694) pour 280 livres. Celà lui permet de prendre le titre de conseiller du roi. Outre les gages de 11 livres 4 sols par an, il est exempté de tailles, taillon, tutelle, curatelle, guet et garde, ban, arrière ban, logement de gens de guerre. Bien entendu pour satisfaire aux exigences royales, Maffre de Puybusque archiprêtre, Guillaume Joffre, Garnaud, Sanchély sieur de La Selve, bourgeois témoignent que Jacques Bonay confesse la religion catholique. Un autre office d'assesseur est concédé de la même façon à Philippe Martin[1].
Les consuls sortants présentent au comte de Caraman une liste de huit noms, sur laquelle le seigneur en choisit quatre. Après les édits d'août 1764 et de mai 1765, six consuls sont élus par scrutin, parmi lesquels le seigneur en choisit trois[2]. Le comte de Caraman suit les élections et exerce son droit. Ainsi, sur une plainte de monsieur de Puybusque, il répond, par lettre du 25 octobre 1767, à Jacques Calages son juge d'appeaux : "Je désire que le maire soit gentilhomme ou noble, les échevins des bourgeois, ou des gens de loi estimables et appelés à leur place par les voeux de la communauté[3]". Le conseil politique se réunit régulièrement sous la présidence de Guillaume de Villèle, sieur de Campouliac, maire perpétuel et conseiller du roi. Ce dernier en a acheté la charge aux gages de 85 livres par an (lettres patentes du 25 juin 1692). Les réunions se font le plus souvent chez le maire, ou dans la chambre de l'auditeur du comte de Caraman au château, mais elle est trop petite, chez d'autres, et parfois sur la place publique. Avant les édits précités de 1764 et 1765, tous les taillables pouvaient participer aux assemblées, après seul le bureau municipal décide. La tâche principale est de répartir les impôts, d'entretenir le patrimoine immobilier. Le cadastre de 1670 cite l'église Notre-Dame ; le cimetière de Saint-Jammier[4] qui confronte celui des protestants, qui était sur la route de Toulouse ; l'église et cimetière de Saint-Pierre-de-Massa[5], qui étaient sur la route de Maureville ; l'église et cimetière de Lignerolles, sur la route de Villefranche ; l'église et cimetière de Saint-Prim, sur la route d'Auriac ; l'église de Saint-Alby, sur la route de Saint-Anatoly ; le cimetière de Bergougnoux[6], sur la route de Ségreville ; dans les registres de délibérations nous suivons l'entretien de ces églises, excepté celles de Saint-Alby, de Saint-Martin-d'Artix ou Saint-Prim. Dans le patrimoine immobilier, il faut ajouter les cures, le temple près de la porte de Montbel, portes, four, le communal de la Lande avec la tuilerie. Aucun de ces édifices n'a survécu jusqu'à nos jours.
La ville n'a plus de fortifications depuis qu'elles ont été rasées, en 1622, par le maréchal de Bassompierre. Elle est fermée par deux portes, la porte de Montbel au sud, celle de l'Aigle au nord. La porte de Montbel est détruite, le 25 septembre 1720, lors de la menace de contagion due à une épizootie. A sa place sont élevés deux piliers de brique avec portes à claire voie. La porte de l'Aigle est démolie le 12 mars 1752, ses matériaux servent également à construire deux piliers. Ces portes n'ont plus qu'une valeur symbolique et surtout fiscale pour surveiller l'entrée des vins étrangers. Caraman, à la fin du XVII°, se présente donc comme une cité groupée autour de ce qui fut son château. Le plan circulaire des rues et de forme ovale montre l'emplacement des trois enceintes successives. Celle du château d'abord, puis une deuxième enceinte limitée par la rue de Roaix, Malcousinat (rue du Temple actuelle), rue de La Colombe[7] et rue neuve (rue Carnot actuelle), enfin la troisième enceinte que nous verrons éclater au XVIII° par les constructions sur les fossés. Le plan joint en annexe nous permet de repérer d'autres portes. La rue de la porte du château indique une porte[8]. C'est par cette porte que les seigneurs de Caraman font leur entrée solennelle et prennent possession de leur fief. Ainsi, le 20 décembre 1511, les quatre consuls Raymond Bernard Roques, Guillaume d'Annelé, Pierre Cacabons et Jean de Bonay, couverts de leur chaperon, y reçoivent Gaston de Foix, comte de Caraman. Ce dernier se présente donc à l'entrée de la porte de la ville dite du château, à l'extrémité même du pont,(au-dessus du fossé). Il renouvelle son serment de maintenir les privilèges et libertés. En signe de domination et de souveraineté, il ouvre lui-même la porte, il entre dans la ville et la ferme. Il l'ouvre à nouveau et avec sa suite gagne l'église[9]. Sur le plan au XVIII° aucun accès de cette porte ne donne sur la campagne. La rue du portail du Four donnaît sur la deuxième enceinte intermédiaire, elle passait sans doute sous la maison qui barre la chaussée, et qui sert ainsi de porte. La rue de Castres donnaît-elle aussi sur une porte ? Faut-il imaginer une porte au bout de la rue du Rolle, destinée à desservir la fontaine de ce nom, hors les murs ? Ces trois ou quatre portes secondaires ont du être murées pendant les périodes de troubles, pour ne laisser ouvertes que celles de l'Aigle au nord et de Montbel au sud. Mais à l'époque médiévale, la motte de Caraman était-elle seulement traversée du nord au sud, par ces deux portes, dans la direction de Lavaur à Villefranche ? En 1511, la porte principale du château est au sud. Le parcellaire médiéval est encore, au XVII°, presque intact. Cependant du fait de la prospérité, des maisons ont déjà été reconstruites sur des parcelles regroupées. Puisque, Caraman a connu une longue période de paix entre la fin de la guerre de cent ans et le début des guerres de religions, accompagnée d'abondance grâce à la culture du pastel. La rue des juifs (rue du Sinaï actuelle) témoigne de l'emplacement du ghetto médiéval.
Les protestants s'étaient emparés de la primitive église pour en faire un temple, puis l'archiprêtre Maffre de Puybusque se l'est appropriée sans titre pour en faire un bûcher, enfin Jacques Bonay, le 29 janvier 1719, y fait aménager une maison presbytérale avec une chambre pour y tenir les assemblées communales. Cet édifice, rue du Temple, restera mairie jusqu'en 1967. La communauté possède aussi la métairie de Labat dans le consulat de Mascarville. Elle est d'un mauvais rapport, les bâtiments sont en très mauvais état ; elle est vendue en locatairie perpétuelle, le 27 septembre 1759, pour 1201 livres à Jean Boyer maçon. Cette métairie avait été laissée à la communauté par Pierre Cazes, fils de Pierre collecteur des deniers royaux, décédé l'année de son exercice ; la communauté avait été obligée d'honorer sa dette à l'égard du receveur.
Le conseil afferme à des particuliers la boulangerie et le four, la boucherie, la tuilerie. Il afferme le droit sur le poids public, les vins étrangers. "De tous temps, nous dit une délibération du 10 avril 1715, la communauté jouit du privilège de vendre le vin provenant de son cru du premier avril jusqu'au premier octobre. Pendant cette période, les hostes et cabaretiers ne peuvent ni vendre ni distribuer le vin étranger. Ce qui oblige de marquer et cacheter toutes les charges de pièces de vin étranger depuis le dernier jour du mois de septembre". La communauté perçoit un droit de quatre livres par pipe et de deux livres par barriques de vin étranger. Ce privilège est rappelé par un arrêt du parlement de Toulouse du 8 octobre 1660, et confirmé à la diligence du comte de Caraman par le grand conseil du roi, le 28 février 1773. Il s'agit d'un double privilège : d'une part, une mesure protectionniste qui permet aux propriétaires et métayers du comté d'écouler les produits de leur vigne, un vin de faible degré qui s'exporte mal[10], et d'autre part une rentrée d'argent prise sur les vins étrangers au profit de la communauté. En outre chaque année le conseil décide de la date des vendanges, fixée parfois tardivement comme en 1711, le 12 octobre.
Les consuls, nous dit une délibération du 12 mai 1774, de tous temps ont eu l'exercice de la justice criminelle, tel qu'il est prouvé dans la transaction du 9 octobre 1527, passée au château de Saint-Félix entre messire Jean de Foix de Caraman, troisième du nom, comte de Caraman, et les consuls et autres habitants députés par la communauté (m° Casseneou ou Lacasse et Borrely notaires). Ils sont juges en tous crimes qui exigent collier, pilori, fustigation, mutilation des membres, mort corporelle et civile et toutes autres punitions corporelles. Et que "inspecta qualitaté persone délicti" (sic), les dits consuls pourront commuer les peines corporelles en amende pécuniaire au profit du seigneur. Quant aux autres crimes qui de leur nature n'exige point de peine corporelle, les consuls et juges ordinaires de Caraman seront parieurs, c'est à dire "primo occupanti debatur cognitio[11]", (sic). Nous avons la trace d'une transaction plus ancienne du 29 décembre 1485. Le parlement, le 10 mars 1494, donne l'ordre à Jean de Foix, comte de Caraman, et aux consuls et habitants dudit lieu, de respecter cette transaction, sauf certains articles, notamment le troisième, relatif à la garde de la clef de la porte de la ville, ce point ayant été réglé par un arrêt du 22 juin 1486. Ils seront tenus de laisser faire la procession de la Fête-Dieu sans y apporter aucun empêchement, et d'avoir de bons officiers pour rendre la justice, sous peine d'être privés de la juridiction[12].
Les consuls de Caraman ont-ils eu des velléités d'étendre leur droit de juridiction sur les communautés voisines ? Un arrêt du parlement, du 1er septembre 1536, fait défense aux consuls et habitants de Caraman de troubler dans l'exercice de leur droit de juridiction : Henri de Carmaing, seigneur d'Albiac ; François d'Anticamérata, seigneur de Loubens ; Pierre Coustous, seigneur de Francarville, et autre Pierre Coustous, seigneur de Maureville. Un autre arrêt rendu entre les consuls de Caraman et Pierre Coustous, seigneur de Francarville confirme ce dernier dans la jouissance de la moitié de la juridiction haute, moyenne et basse du lieu de Mourville-Basse[13].
Pour ces privilèges, considérés comme biens nobles, y compris ceux de justice criminelle partagée avec le juge ordinaire de Caraman, la communauté doit rendre hommage au seigneur comte ; mais ces privilèges doivent être défendus. En effet, le 17 août 1697, il faut contraindre les femmes qui font du pain pour vendre, de le faire cuire au four de la ville ; aussi bien pour les boulangers, le pain qu'ils font pour "vendre à la romaine", ce qu'ils refusent de faire au préjudice de l'émolument.
Donc Jacques Bonay est élu premier consul de décembre 1696 à décembre 1697, encore en 1702, 1703, 1709, 1719. A ce titre il effectue plusieurs démarches pour la communauté. Il se déplace en décembre 1696, à Montauban pour y rencontrer l'intendant au sujet de la réclamation du comte de Clermont, colonel des milices bourgeoises, pour les revues qui lui sont dues. En fait le colonel "se paye sur la bête", car en mars 1697, Jacques Bonay tente de récupérer au logis des Bons-Enfants à Toulouse deux juments, appartenant à Pierre Valette second consul, saisies à la requête du comte de Clermont. Il cherche les juments dans toute la ville, et finit par les trouver au Faubourg Saint-Etienne. Mais la femme de l'hôtelier refuse de les lui donner, malgré l'assistance de Vignes, secrétaire du président Riquet[14]. Le 28 novembre 1697 les juments sont vendues par Poques le dépositaire ! Le 4 mai 1698, Jacques Bonay est nommé avec Philippe Martin pour aller complimenter le comte de Caraman qui est de passage à Toulouse. Le 6 Janvier 1700 il repart à Montauban, pour y rencontrer l'intendant et lui demander la décharge de l'imposition de 1 550 livres, trop lourde pour la communauté.
Voirie et police
A la fin du XVII°, Caraman, coquette cité, a oublié les destructions de la guerre civile. Le sol de ses rues est déjà pavé et elle possède une promenade ! En effet le 27 novembre 1701, la communauté décide de refaire à neuf 70 cannes carrées devant l'église paroissiale jusqu'aux maisons de Bassona et Bonnet ; et 21 cannes à la porte de Montbel ; 17 cannes à la place du crucifix jusqu'aux maisons de Cales et Saint Sernin ; 105 cannes du côté de la porte de l'Aigle. Les cailloux seront retirés de l'ancien pavé ; il faut une charrette de cailloux et trois comportes de sable par canne carrée. Les cailloux proviennent de Francarville et Vendine, le sable des sablonnières des environs. Lors de la réunion précédente, le 14 novembre, il est rappelé que chaque habitant est tenu de réparer le pavé devant sa maison, et que les paysans de Saussens et de Francarville s'offrent à le faire moyennant 26 sols par charretée, composée de quatre comportes de sable et matériaux. Les fossés, remparts et portes sont encore entretenus, et remis en état. Plus tard, le 14 janvier 1771, un bail est passé avec Pierre Pitore pour l'enlèvement des ordures. Puis un cantonnier est nommé le 8 mars 1732 pour nettoyer les rues des immondices que les particuliers y jettent. Enfin, un paveur professionnel est choisi le 11 mai 1766, Jean Andrieu de Pezoux, malgré les offres de Jean Segal, paveur de la ville de Toulouse, et ceux de Jean Luzert, paveur de la province de Languedoc. La place publique est entre les deux portes, à l'est de l'église, (place de la République actuelle). Elle est couverte d'une halle dont, en 1733, le toit et les piliers en bois en mauvais état annoncent la chute prochaine. Sous cette place couverte, les mesures en pierre servent à évaluer les grains, la communauté prélève un sol par setier. Les consuls, le 4 juillet 1764, se décident à éclairer cette place. Ils achètent 36 livres une unique lanterne avec son fer, sa poulie et la corde. Elle est allumée du premier septembre au 30 mai, avec une chandelle de 4 livres par soir, et 6 livres pour l'allumeur.
Nous lisons dans une délibération du 12 mars 1752 que la promenade du Ravelin (l'actuelle place de Woelmont) est la seule qui décore la ville et qui procure du plaisir aux habitants, tant par sa proximité que par sa situation. Les pluies, l'habitude du lavage des grains, l'introduction des charrettes, du bétail, des chevaux et du fumier détériorent cette esplanade. Il sera fait une levée tout autour. "Y seront employés les pauvres admis à la distribution du pain du bureau de charité ; dans les conjonctures présentes, vu la cessation de tout travail cela se fera à bas prix, les charpentiers à raison de 6 sols par journée, hommes et garçons en état de travailler 4 sols, femmes 2 sols, les enfants 1 sol, à peine contre les refusants d'être privés de pain". Après la levée il faut défricher le Ravelin, y extirper, déjà (!), les racines des anciens ormeaux, des "Sully"[15], celui qui est du côté de cert (l'ouest) est entièrement mort, et y substituer des nouveaux de bonne qualité achetés à Germier arboriste. Il s'engage à les entretenir pendant quatre années, pour le prix de 11 livres.
(Dans l'original Plan de la promenade au XVII°s.)
A l'intérieur des murs, plus de 220 maisons ou parcelles sont répertoriées dans le plan joint en annexe, qui doit être du milieu du XVIII° siècle. Faut-il dénoncer une absence de vitalité économique, car près de neuf parcelles, appartenant à des particuliers, sont qualifiées de patus, et onze autres parcelles, de patus délaissé, vacant ou communal ? En revanche une vingtaine de maisons possèdent un jardin.
Les caramanais ne sont plus aussi belliqueux que leurs prédécesseurs, heureusement ! Pour la police usuelle, la communauté se sert du baile et des valets consulaires. Ils ont un habit d'écarlate avec doublure et un chapeau au bord fin[16]. Cela ne suffit pas, le maréchal de Broglie, gouverneur militaire, réclame en 1761 la création de patrouilles. La communauté délibère le 13 septembre : il pourrait se former deux compagnies de 56 hommes, chacune composée de brigades de huit hommes, qui feraient la patrouille un jour par semaine. Le service ne reviendrait donc qu'une fois tous les quinze jours. La difficulté est d'armer ces hommes, il faut demander aux "messieurs" qui ont des fusils de les prêter chaque nuit. Le rôle de ces détachements est d'éviter les tapages nocturnes dans la rue, et d'empêcher le vol des fruits de la terre, qui mûrissent. Mais treize ans après la communauté délibère encore au sujet de ce rétablissement. Car, si les habitants aiment faire parler la poudre, c'est pour fêter les grands événements, la réception de l'archevêque de Toulouse le 27 mai 1680, la victoire d'Ypres, le couronnement de Louis XV, ou la naissance des enfants de France. Ainsi lors de la naissance du duc de Bretagne, le 18 janvier 1704, la communauté prévoit que pour "donner plus de solennité, les habitants se montreront sous les armes". La poudre sera achetée, et les décharges seront faites "tant auprès du feu de joie qu'après avoir entendu le Te Deum". Lors de la naissance du Dauphin, en 1729, le sieur de Rocques de Saussine ancien officier, lieutenant de la garde bourgeoise, commande les feux de mousqueterie. En période de crise économique, le 8 mars 1732 par exemple, la communauté nomme un dizenier pour chasser du Castellat, les pauvres étrangers à la ville. Le 27 avril 1739, elle renouvelle aux habitants l'interdiction de louer un logis à des étrangers, fainéants, mendiants, gens de rapine et sans aveu, sauf s'ils produisent un certificat de bonne vie et moeurs. Dans ces périodes dures, les pauvres, chassés des campagnes par la faim, se réfugient dans le bourg, ils espèrent plus de la charité de ses habitants. La cité veut bien soutenir ses paroissiens en difficulté, mais pas les autres.
La France de l'ancien régime souffre de sous équipement en forces de l'ordre, avant que l'empire ne quadrille le territoire avec la gendarmerie. En avril 1788[17], malgré les désirs conjoints de l'archevêque, du comte de Caraman et du comte de Périgord, gouverneur militaire, Caraman n'a toujours pas de brigade de maréchaussée, du fait du mauvais vouloir des administrateurs du diocèse. Une dizaine de mauvais garçons sévissent, qualifiés de brigands, ce sont plutôt des braconniers. Ils chassent toujours, même en temps prohibé ; ils ne rentrent jamais les mains vides, car s'ils ne trouvent pas de gibier, ils attaquent les poules, les pigeons, canards et dindons, et menacent de tuer ou d'incendier ceux qui veulent s'opposer à leurs entreprises. Outre leur chasse de jour, de nuit ils dévastent les campagnes, dépiquent les gerbes de blé dans les champs, et volent les millets et les légumes. Il faut faire cesser ces insolences, qui sont à tel point que ces gens là, par leurs chansons indécentes chassent la bonne société des promenades ! Armés de fusils, ils se font craindre par leur impunité. Les fils et garçons boulangers forment le noyau, entourés de fils d'artisans et même de fils de bourgeois. Le juge d'appeaux Guillaume François Baron de Montbel demande l'intervention de la troupe, car il ne fait pas confiance aux cavaliers de la maréchaussée, qui sont moins occupés de la remise des armes que du paiement de l'amende. Un mois après, à l'improviste, les brigades de la maréchaussée de Toulouse et Villefranche interviennent de concert et désarment les trublions.
Fontaines
Une glacière, pour les sorbets ou conserver les aliments, appartient au seigneur. Le boire frais pendant les étés brûlants, protège les habitants de beaucoup de maladie, écrivent les médecins de Montpellier[18]. Mais en 1702, la communauté déclare qu'on a laissé dépérir cette glacière, depuis dix ou douze ans, car la glace ne se conservait pas ; le 30 janvier 1702, le roi renouvelle le privilège. En 1705, la glacière est en ruine et le 30 janvier Barthélemy Calages autorise Pierre Martin, le procureur comtal, à vendre les matériaux.
La cité ne possède que trois fontaines, celle de Guilhemarnaud, celle de la ville dite du Rolle (Rôle) et celle du chemin de l'obit. Les fontaines ne suffisent pas, et en septembre 1725, la communauté fait ouvrir l'ancien puits, qui est au bout de la place, avec un col de briques fermé de deux portes. Les bourgeois, pourtant, se plaignent, le 14 juin 1772, que les fontaines sont très éloignées, elles font perdre beaucoup de temps aux domestiques, et leur servent souvent de prétexte pour ne pas faire leur devoir. Dans un rapport de la fin du XVIII°, le subdélégué de l'intendant Jean Louis de Pagès Bannières écrit que la fontaine du Rolle est polluée, on y jette régulièrement des ordures et on y plonge les vaches. Il faudrait que l'eau en coule par des robinets, qui pour éviter une trop grande perdition se fermeraient au moyen d'un ressort dès que les mains s'arrêteraient de le tenir. Il propose aussi de pratiquer des degrés pour descendre dans la fontaine, de créer un lavoir et un abreuvoir[19]. Un siècle après, une machine à vapeur munie d'une pompe aspirante et foulante refoule les eaux dans un bassin au centre de la ville, (est-ce dans les caves de l'ancien château ?). De là elles se répandent dans différentes fontaines[20]. Caraman attendra le 5 août 1959 pour avoir l'eau au robinet.
Les riverains de l'église se plaignent au cours des siècles des ruissellements d'eau. Un aqueduc récoltant les eaux est signalé passant sous les maisons dans l'axe actuel de la rue de la chaussée de l'église.
Santé et enseignement
(Dans l'original grandeur nature Tête d'affiche de l'Hôtel Dieu Saint-Jacques de Toulouse 1740)
Il y avait "anciennement" un hôpital, situé hors les murs, il fut détruit en 1570 lorsque la ville fût saccagée[21]. Sous le nom de l'Hôpital de l'Estelle-Notre-Dame, il est installé dans la rue neuve ; il s'agrandit et acquit pour les vieillards une maison du canton de Méric-Moutou[22]. A la fin du XVIII° siècle l'hôpital Saint-Jacques de Caraman est une petite maison, située à l'angle de la rue du four et de la rue neuve, dont le rez-de-chaussée forme une chambre qui contient trois lits pour les hommes, et au-dessus une chambre de trois lits pour les femmes. Cet hôtel-Dieu est humide du fait de la déclivité du terrain et du rez-de-chaussée enterré. Il est soutenu par la charité des habitants, ses revenus sont seulement de 440 livres. Des dépenses, il faut distraire 50 livres pour une rente destinée à marier des filles pauvres. Chaque semaine, à tour de rôle, un directeur va matin et soir à l'hôpital, il est chargé de tout le nécessaire, intendance, propreté et discipline. Une dame de miséricorde s'y rend tous les jours. Il n'y a qu'une seule garde pour tous les malades, et le chirurgien s'y rend deux fois par jour. Dans la rue Notre-Dame "une chambre" sert à loger quatre pauvres veuves en vertu d'une ancienne fondation. Jean Baptiste de Bonvilar, lieutenant des maréchaux de France, est directeur de l'hôpital en 1771[23]. La révolution de 1789 arrêtera les velléités de la communauté de construire un nouvel hôpital avec l'aide du comte de Caraman[24].
L'ancien régime s'est préoccupé bien tardivement de combattre la mortalité des mères en couches et celle de leurs enfants. L' intendant d'Auch écrit à Jean Louis de Pagès Bannières son subdélégué de Caraman, le 3 juin 1770, une lettre accompagnée de prospectus sur une sage-femme de Paris, madame Ducoudray, qui ouvre un cours gratuit d'accouchement aux élèves, qui ont les dispositions nécessaires pour cette profession, dans la ville d'Arret près Auch. Ce dernier intervient immédiatement auprès de la communauté. Madame Ducoudray, dit le prospectus, a inventé "une machine" qui représente à l'intérieur, comme à l'extérieur, toutes les parties dans lesquelles l'enfant se trouve renfermé dans le sein de sa mère ; elle donne la facilité de le placer dans les situations imaginables, et par conséquent d'exécuter tous les accouchements possibles. Ainsi c'est en faisant opérer les élèves que madame Ducoudray les instruit, comme elle vient de le faire dans le Bourbonnais[25]. Aucune rétribution n'est demandée aux élèves attendu qu'elle est pensionnée du roi. Le roi est obéi, car le 17 juin 1770, devant le conseil politique, la femme du chirurgien Antoine Géraud se propose. Agée de 30 ans, elle sait lire et écrire. Antoine Géraud et André Viole, chirurgiens, suivront également les cours. La communauté emprunte 500 livres pour leurs frais de voyage et de séjour[26]. Cinq ans après, le 22 juin 1775, Perrette Ausia, qui a suivi les cours d'accouchement chez la dame de Coudray[27], et en a rapporté des certificats élogieux, souhaite s'établir[28].
Un autre fléau, les épidémies, s'abat fréquemment sur la cité. Ainsi en novembre 1630, le curé évoque les cadavres de ceux qui ont quitté cette vie par temps de peste, "..qui tempore pestifero.."[29]. En automne 1783 une épidémie de suette apporte la consternation dans la ville, les consuls voyant le mal augmenter demandent aux chirurgiens Géraud, Violle et Delherm de donner tous les soins aux malades, sous la promesse d'une gratification. Géraud meurt à la tâche, victime de cette maladie. Violle a pris soin des riches et des pauvres de la ville, et Delherm de ceux de la campagne[30].
L'école à Caraman est ancienne, elle est voulue, non seulement par les bourgeois pour faciliter l'instruction de leurs enfants, mais aussi par l'Eglise diocésaine, pour réduire la différence culturelle entre catholiques et protestants, dans ce souci de reconquête des âmes. L'enseignement des garçons est réalisé par deux régents. Celui des basses classes leur apprend à lire, écrire et à compter, puis un régent latiniste pour les plus grands. Souvent un vicaire leur enseigne le latin. Cet enseignement est gratuit pour les pauvres. La communauté, le 23 mai 1680, nomme Henry Gallon, régent des écoles, aux gages de 100 livres, pour enseigner les pauvres nécessiteux. Au XVII°, Anne de Villeneuve en 1695, puis en 1710 Marie Rivière et Catherine Sernin, enfin en février 1730, Jeanne de Lacals, filles de la Providence, sont les régentes de l'école de filles. Cependant en 1763 le curé de Caraman se plaint à l'archevêque de Toulouse de l'absence totale d'instruction, alors qu'il y avait deux régents, l'un pour le latin, l'autre pour la lecture. Hélas, depuis trois ans l'intendant d'Auch a tout supprimé, malgré le mal que le curé s'est donné, en vain, pour le maintien et le rétablissement des écoles[31]. Nous avons vu ci-dessus, à ce sujet, la protestation de la communauté du 16 décembre 1764. Effectivement l'intendant Mégret d'Etigny est hostile à l'enseignement rural, et ce contrairement aux ordonnances de Louis XIV prescrivant l'ouverture "des petites écoles" dans chaque paroisse[32].
Eugène de Malbos, Caraman, s.d.
Fiscalité et budget communal
Pour l'année 1695, la liste des taillables de Caraman, des éléments du vingtième, ainsi que le budget de la communauté nous permettent d'en dresser un portrait social et économique. Les taillables sont imposés suivant l'importance de leur propriété foncière[33] ; les nobles paient pour leurs terres d'origine roturière et les bourgeois ne paient pas pour les biens nobles qu'ils possèdent ; les forains paient la taille pour les biens qu'ils ont dans le consulat. La noblesse, le clergé et la bourgeoisie paient donc l'impôt suivant le revenu foncier réel et non seulement sur la superficie. Propriétaires des plus belles terres, au titre de la taille réelle, ils sont les plus imposés. Nous avons décompté 378 taillables dont 80 seulement paient plus d'une livre. Le document sur le vingtième est très détérioré, cependant nous avons décompté une centaine de contribuables payant de 1 livre 10 à 100 livres, dont treize sont imposés sur plus de 40 livres.
Les dix contribuables les plus imposés sont : m° Jean Baron pour 12 livres 15 de taille (et 100 # pour le 20°), puis, Philippe Petit bourgeois pour 11 # 10 de taille (100 # pour le 20°), Jean Jacques Gaubert bourgeois pour 8 # 9, Guillaume Masuer sieur de Calmon pour 9 # 3 (77 # pour le 20°), Pierre Campredon pour 9 #, Germain Tailhade pour 8 # (60 # pour le 20°), messire Pierre Paul Riquet comte de Caraman pour 7 # 8, Antoine Baron d'Enmothe pour 7 # (100 # pour le 20°), m° Jean Baron ministre (pasteur) pour 6 # 12 (100 # pour le 20°), et Joseph de Roques de Saussine pour 6 # 6 (50 # pour le 20°). Dans cet état Barthélemy Calages ne figure que pour 5 sols (43 # 4 pour le 20°), mais sa belle-famille les Bonay, en additionnant père, oncle et épouse, cotisent pour 8 # 5 de taille. Les Baron[34] dans leurs diverses branches totalisent 28 # 61 de taille. Les familles nobles ou d'apparence, autres que celles précitées, sont représentées par : Louise de Puybusque, Jean de Bonne sieur de Labarthe, Suzanne de Laroque, Philippe de Villeneuve, Jacques de Sanchely et Arnaud Sanchely La Selve, Josué de Roquefort, Paul du Puy Lalagarde, Jacques d'Avessens de Saint Rome, Jean de Maury sieur de Rollenir, le conseiller au parlement de Laporte, monsieur de La Coste, monsieur de Lagarigue, Guillaume de Villèle[35], monsieur de Villèle Campouliac, madame de Castelgaillard (pour le 20° seulement). Jean Blanc, Jean Bret[36] avocat, Paul Mercier, Gédéon Quinquiry, Jacques Calès, Isaac Ganilh, Etienne Sirven sont qualifiés de bourgeois. Caraman comme de nos jours a deux apothicaires Etienne Saint Sernin et Charles Vaisse, trois chirurgiens Antoine Lacals, Gabriel Roche et Jean Vaisse, un médecin Jean de Lavaisse ; deux notaires m° Philippe Martin et m° Etienne Clausade ; plusieurs avocats m° Antoine Lacals, m° Pierre Martin etc. Il y a deux hôteliers Jean Cambigue et Charles Algans ; beaucoup de meuniers Jacques Valette, Mathieu Azabert, Jean Bassona, et Jean Cos meunier d'Engailhac ; un menuisier Gabriel Blanc, un forgeron Jean Mercier et un peigneur de laine Jean Condoumine. Les marchands sont représentés par Cazeneuve, Alesty (80 # de 20°), etc.
Un siècle après, le rôle de la capitation en 1781[37], nous donne 415 assujettis qui sont pour la noblesse : messieurs de Bonvilar, de Villèle, de Bannières pour 37 # 10 chacun ; puis monsieur de Puybusque Veilhe pour 22 # 10 ; madame de Goiran pour 20 # ; madame de La Molière pour 15 #, le lieutenant des maréchaux de France de Sanchély de Rouaix, madame de La Garrigue et ses trois fils, monsieur du Buisson et mademoiselle du Buisson pour 3 # chacun ; mesdemoiselles de Puybusque pour 4 # 10. Avec le troisième ordre sont décomptés trois valets et deux servantes de monsieur de Villèle pour 6 # 10 ; un valet et trois servantes de monsieur de Bannières pour 4 # 10 ; et les valets et servantes des Puybusque, Goiran, Bonvilar. Dans la capitation de 1786 sont ajoutés le comte de Villeneuve de Crozillat pour 38 #, monsieur de Rabaudy, monsieur de Gaston, et Jérôme de Génibrouze écuyer (gendre de Bannières) pour 6 #. L'éventail de l'imposition montre que la différence de classe sociale ne se situe plus sur le plan économique.
En effet, pour le tiers-état figurent parmi les plus imposés : Vaisse aîné, pour 36 # ; madame de Gaubert pour 34 # 10 ainsi que Blanc La Selve aîné ; Jean Vaisse, marchand à la porte de l'Aigle pour 31 # 10 ; pour 29 # Vaisse barbettier, Martin Lamotte, Dasties ; Jacques Batut pour 27 # ; la justice est représentée par Baron de Montbel, juge d'appeaux, pour 20 #, avec un valet deux servantes pour 3 # 10 ; Bret, juge ordinaire, pour 15 #, ainsi que Roche le procureur comtal, et l'avocat Sirven ; Violle, chirurgien pour 7 # 10 et l'autre chirurgien Antoine Géraud pour 3 # seulement. Les bourgeois peuvent être dénombrés : André Baron, la veuve Valette, Salama, Raymond Sirven, Lavaisse du Puyjolet, Bret Milhau, Salomon Bret, Sanchély, mais la faible imposition de certains montre que leur fortune n'est plus aussi importante qu'au siècle précédant. Les Rocques de Saussine, père et fils, pour 8 # ne sont pas capités avec la noblesse.
Il faut noter que le nom des métayers ou des maîtres valets n'est pas indiqué, ils sont imposés es-qualités comme les servantes : ainsi le brassier du sieur de Bannières à La Bourdette pour 3 # 4, le métayer de Soulentis pour 6 # ; le maître valet du comte à la Borie-Blanque ; pour le sieur de Crozilhat nous trouvons son métayer, son meunier et son jardinier ; le plus imposé est le métayer de Baron à La Selve pour 13 # 10. Nous trouvons trois boulangers : Jean Pierre Pitorre, Gabriel Sirven, et Jean Chauron ; Antoine Maurel forgeron ; Jean Andrieu, paveur ; Bernon et son fils arheliers ; Antoine Combelong, aubergiste, son valet et deux servantes ; Bernard Cos, meunier de Gaillac pour 22 # 5.
Pour l'année 1780, première année du rattachement au Languedoc, le poids de la capitation sur le comté est de 11147 # 6, nous pouvons l'analyser par entités, et établir le rapport entre la pression fiscale et la surface qu'occupe chaque communauté.
Capitation Surface
Caraman 35,21 % 29,24 %
Albiac 4.67 % 4.56 %
Cambiac 4,55 % 7.27 %
Caragoudes et Saune 4,05 % 8,04 %
Francarville et La Clastre 7.11 % 6,78 %
La Salvetat 2,97 % 3,55 %
Loubens 10,56 % 6.27 %
Mascarville 6,27 % 5.11 %
Maureville 4,60 % 9,58 %
Mourville-Basse 1,78 % 4,62 %
Prunet et Laborde 2,89 % 4,30 %
Saussens 2,75 % 3,08 %
Ségreville 4,71 % 4,82 %
Vendine 7,89 % 2,78 %
100 %
Faut-il déduire de ce tableau que la communauté où les têtes sont les plus riches est Vendine, les plus pauvres Maureville ? Dans une petite communauté il suffit d'une individualité pour fausser la statistique.
La commune conserve deux compoix ou terriers : l'un de 1606, dont l'écriture est encore à la mode du XVI°, il est dressé par Pierre Martin, notaire et agrimenseur de Pechaudier, et Antoine Gaget, agrimenseur du Vaux ; l'autre de 1670 est de Bernard Vacquier et Pierre Laferrière, arpenteurs[38]. Ils indiquent avec précision maison et terres possédées par chacun. Leur étude détaillée pourrait permettre de mettre à jour le phénomène d'appropriation de la terre par les bourgeois, et les registres des notaires devraient nous faire connaître si le commerce du pastel est à l'origine de ces fortunes. Le compoix de 1606, d'après Georges Frêche[39], comporte 112 forains pour 604 cotes foncières. Un peu plus du cinquième des forains, soit 20 cotes, est constitué par les propriétaires toulousains parmi les plus riches. Des bourgeois des petites villes environnantes apparaissent : deux de Revel, cinq de Puylaurens, deux de Lavaur et un de Bourg-Saint-Bernard.
Le rôle des tailles est tenu sous la responsabilité de Jacques Valette consul et collecteur, qui présente aussi le budget de la communauté, pour l'année 1695, ci-dessous.
Recettes :
Rôle de l'imposition 12939 # 9
Emoluments de la communauté 320 #
(Les mesures de la place sont affermées à Arnaud Sanchely pour 150 # ; les tabliers de la place affermés à Jean Algans tailleur pour 60 # ; le four de la ville à Albert Taillade pour 60 # ; la boucherie à Antoine Vaisse et Jean Cardaillac pour 50 #. Ne sont pas compris ce qui a été reçu des émoluments du poids et de sa table, patus et vaines et entrée des vins étrangers)
Dépenses :
Dû au comptable 100 #
A Guillaume Masuer sieur de Calmont 7501 # 7
(Somme avancée à Darquier receveur des tailles)
A Antoine Langlade 765 # 17
(Pour la fourniture du fourrage et logement des troupes de cavalerie et dragons étant en quartier d'hiver dans la généralité de Montauban)
A Claude de Vienne 1427 # 31
(commis principal de l'extraordinaire des guerres pour "l'ustencile" des troupes)
A Darquier 145 # 5
(pour les offices des greffiers des rôles)
Au même 116 #
(pour l'habillement des soldats des milices)
Dû pour la taxation des offices des trésoriers collecteurs des villes 478 # 16
Appointements des sergents de milice 75 # 6
Droit de franc-fief et de franc-alleu de la généralité de Montauban 440 #
Régents des écoles (Luc prêtre, et Barrière prêtre et vicaire) 150 #
A monsieur de Varennes prêtre(régent latiniste pour 2 mois) 16 # 13
A mademoiselle de Villeneuve régente de l'école de filles 60 #
A feu Jean Bonay secrétaire de la communauté 20 #
(gages pour avoir fait les charges et décharges pour les biens aliénés pendant l'année)
A Grelhier et Albarel baile et valet consulaires 30 #
(pour leurs gages)
A Louis de Puybusque, archiprêtre(pour l'obituaire fondé par Couchardy) 46 # 10
Au même (pour son logement) 90 #
A Jean Vilatte (pour l'entretien de l'horloge) 12 #
Somme distraite du rôle de l'imposition et tenue en compte à chacun des contribuables suivant ordre de l'intendant. 360 # 18
Papier du rôle peine et vacation des députés 9 # 16
Vérification du rôle de l'imposition de droit des cotes 64 # 42
Frais de voyage pour cette vérification 10 #
Voiture et transport de l'argent au bureau de la recette par le sieur Calmont 70 #
Droit de collecte que le comptable doit faire figurer en dépense puisqu'il s'est chargé en recette de tout le contenu au rôle de l'imposition 100 # 2
Au père Cyrille récollet prédicateur de Carême 20 #
A Charles Algans hôtelier (repas consulaire) 10 #
A Gabriel Bonneville maçon dégrèvement fiscal 3 # 1
A Philippe Petit Bourgeois d° 3 # 15
A m° Philippe Martin notaire 2 # 15
(pour l'expédition de l'acte entre la communauté et le comte)
Reprise d'émoluments de la ville 300 #
6 feuilles de papier timbré 3 # 73
Minute du présent compte 10 #
A m° Martin (pour l'expédition des actes d' afferme des 5 #
émoluments de la ville)
Total des recettes 12 559 # total des dépenses 12 514 #
Tous ces comptes ne sont approuvés et vérifiés par la communauté, en présence du juge Calages, que le 23 novembre 1718, soit 23 ans après.
Population
Les 378 taillables dénombrés ci-dessus, en 1695, nous donnent une population de plus de 2000 habitants. En 1774, seule année connue, le dénombrement de la population relevé par Jean Louis de Pagès Bannières, le subdélégué de l'intendant d'Auch, est plus précis : la communauté de Caraman a 2044 habitants (dont 16, seulement, sont protestants) ; 319 habitants à Cambiac ; 228 habitants à Francarville ; 195 habitants à La Salvetat ; 128 à Mourville Basse et 221 habitants à Ségreville. Mais cette année là, pour Caraman, le solde des naissances par rapport aux décès est négatif. Naissances : Garçons 32, filles 47, total 79, (Pagès Bannières souligne qu'il n'y a pas de naissances de protestants) ; décès : hommes 42, femmes 43, total 85 ; mariages 21[40]. Un autre décompte du 3 février 1781 est plus rétrograde, car il ne s'intéresse qu'au dénombrement des feux ou chefs de famille. Il est vrai que son auteur, Bernard Thomas Henri Ginesty, avocat au parlement, subdélégué de l'intendant de Languedoc pour le département de Toulouse, l'effectue dans un but militaire : le recrutement de la milice. La communauté de Caraman 355 feux avec 15 garçons ou veufs sans enfant ; celle d'Albiac se compose de 50 avec 15 ; Caragoudes 24 avec 2 ; Cambiac 69 avec 10 ; Francarville 40 avec 3 ; Laclastre 9 avec 2 ; Loubens 127 avec 19 ; La Salvetat 32 avec 2 ; Maureville 54 avec 4 ; Mascarville 54 avec 4 ; Mourvilles Basses 29 avec 12 ; Prunet et Lasbordes 35 avec 6 ; Saune 22 sans garçon ni veuf sans enfant ; Saussens 36 avec 7 ; Ségreville 38 avec 2 ; Vendine 47 avec 3 ; total 1021 feux ou chefs de famille avec 106 garçons ou veufs sans enfant[41].
Un précieux document[42] de 1791, à l'aube de l'ère nouvelle, nous donne le détail des feux, de la population de tout le canton et de son degré de paupérisation :
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Lieux * habitants * feux * à assister * mendiants
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Caraman * 2896 * 459 * 223 * 10
Albiac * 223 * 44 * 8 * 1
Cambiac * 300 * 52 * *
Caragoudes * 168 * 28 * 5 * 15
Falgayrac * 70 * 28 * 10 *
Francarville * 234 * 43 * 3 *
La Clastre ou * 51 * 8 * 2 *
Magradoux * * * *
La Salvetat * 198 * 34 * 12 * 2
Loubens * 690 * 156 * 60 * 15
Mascarville * 286 * 55 * 12 *
Maureville * 350 * 64 * 16 *
Mourville-Basse * 300 * 54 * *
Prunet et * 145 * 26 * *
Lasbordes * * * *
Saune * 67 * 12 * tous sauf 2 *
* * * familles *
Saussens * 196 * 38 * tous sauf 6 *
* * * familles *
Ségreville * 256 * 48 * 50 *
Toutens * 268 * 52 * le plus gd nbr *
* * * de la paroisse *
Vendine * 236 * 46 * 20 *
Hors comté * * * *
Auriac * 1838 * 222 * 115 *
Beauville * 340 * 65 * 15 *
Le Faget * 784 * 145 * 80 *
Le Cabanial * 442 * 105 * 31 *
---------------------------------------------------------------
Totaux * 10338 * 1784 * 727 * 45
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Dans le canton 7 % de la population est à la limite de la mendicité. A Caraman sur ces 2896 habitants, il y a 2000 personnes qui ne paient aucune taxe, mais ce chiffre n'est pas significatif, car les enfants et les femmes en puissance de mari ont été décomptés dans cette catégorie. 437 individus ne paient qu'une ou deux journées de travail. 60 vieillards sont hors d'état de travailler, auxquels s'ajoutent 45 infirmes, 151 enfants de pauvres au-dessous de 14 ans ou hors d'état de gagner leur vie. Le montant des fonds de l'hôtel-Dieu de 282 # est affecté à six malades par jour. A La Salvetat, les malades bénéficiaient auparavant de 30 # par an de l'abbaye de Moissac, mais après la saisie des biens religieux en 1791, plus rien !
Si les chiffres de 1774 et de 1791 sont exacts, la population, entre ces deux dates, aurait augmenté de plus de 40 %, alors que la moyenne de la poussée démographique de la France à la fin du XVIII° siècle est de 30 %. La population du comté en 1791 est de 6864 habitants. Le nombre de feux du comté est passé de 1774 à 1791, de 1021 à 1219, soit une augmentation de 19 %. En 1793, Caraman compte 2592 habitants[43], la population aurait donc diminué, en douze ans, d'environ 9 %. Est-ce l'effet de la levée en masse pour les armées révolutionnaires ?
Auriac au XVIII° siècle
Auriac située à sept km à l'est fait figure en cette fin du XX° siècle de Faubourg-Saint-Germain de Caraman. Une notice manuscrite[44] de 1743 évoque cette petite cité, hors du comté.
La ville d'Auriac en 1028 avait titre de baronnie dans le Lauragais. En 1071 le château d'Auriac "qui n'est aujourd'hui qu'une vieille masure" fut vendu par la comtesse Rengarde à Raymond comte de Barcelone, avec les domaines moyenne justice, et le droit de prise et autres qu'elle y avait. C'est une des onze villes maîtresses parce qu'elle envoie annuellement deux députés à l'assiette du diocèse pour la répartition des impôts. Trois puits communs suppléent au manque de fontaine. Deux petits ruisseaux dits de Vendinelle se joignent à 500 pas au-dessus de la ville. Ils créent des inondations parce qu'ils n'ont presque point de lit. Le Ravajou est un torrent qui cause beaucoup de pertes à la ville car "lorsqu'il est enflé et extraordinairement gros (ce qui arrive souvent)" il inonde jusqu'au premier étage les maisons les plus voisines. Une petite rivière pourrait bien se rendre navigable par sa situation s'il y avait assez d'eau. Les chemins sont impraticables pendant l'hiver.
(Eugène de Malbos Auriac 1839)
Les deux seigneurs ne résident pas sur place, l'un est [Jean Baptiste] du Bouzet[45], conseiller au parlement de Toulouse, il a le quart de la justice et le pas sur l'autre ; le deuxième est monsieur de Bonvilard, ancien gentilhomme qui en a les trois quarts. A l'égard de la directe, celle de monsieur du Bouzet est plus étendue et rapporte moins, ayant trente setiers blé de censives mesure carton, la mesure à carton vaut quatre setiers blé mesure du pays et monsieur de Bonvillard 40 setiers même mesure. Les deux seigneurs nomment le même juge[46]. Les consuls ont la justice criminelle en parérage avec le juge, qu'ils sont obligés de prendre pour leur assesseur.
La population du consulat compte 1000 habitants, 20 mariages, 55 baptêmes et 60 morts (plus de morts que de naissances). Le dénombrement des années 1684 s'est perdu, mais on croit qu'il y a un quart d'augmentation par rapport aux mariages, car les jeunes gens se marient plus tôt, de peur d'être enrôlés par la milice. Il est né en 1743 30 filles et 25 garçons. Tous les habitants du consulat sont catholiques romains, quoique cette ville soit entourée de celles de Revel, Puylaurens, Caraman, peuplées de beaucoup de protestants. [L'exercice du culte est interdit à Auriac depuis l'édit de Nantes[47]].
Il y a trois curés, le premier de la Madeleine bénéficie de 1200 # de revenu et paye 300 # de charges, l'autre de Saint-Martin a 700 # et paye 120 # , celui de Noumerens a 500 # 75 de charges n'a que les deux tiers de la cure. [Les registres de catholicité sont tenus jusqu'en 1791 dans les paroisses d'Auriac, Noumerens, Saint-Martial, Saint-Martin-de-Capver].
La noblesse est représentée par cinq gentilshommes, l'un est [Bernard] de Saint Amans de la maison de Dupuy. Son père [Jean] est mort à Bellegarde [13 août 1719] lieutenant-colonel du régiment de Lorraine et chevalier de Saint-Louis. Son frère [Jean] est capitaine dans le même régiment. Le chevalier de Bonne lieutenant dans Noailles-infanterie ; monsieur Delort ancien capitaine dans Champagne, chevalier de Saint-Louis, est l'arrière-petit-fils d'Arnaud Delort qui était capitoul en 1540, son grand-père Guillaume Delort, capitaine d'une compagnie de 100 hommes, fut blessé aux deux bras au siège de La Rochelle. Monsieur de Fonsvbrane duquel le nom est de Barrau ; monsieur Descamazes dont le nom est Duperrier est actuellement premier consul, "très honnête homme que l'on voudrait toujours consul". Monsieur de Serres est ancien capitaine dans le régiment de Santerre chevalier de Saint-Louis ; monsieur de Claverie major du régiment de Lorraine et chevalier de Saint-Louis ; et monsieur Terron fils de Delort lieutenant de milice.
Quatre marchands en détail n'ont qu'un petit gain, "le reste de la ville est composé de bourgeois". Les professions suivantes sont exercées : deux apothicaires, deux chirurgiens, un arquebusier, deux boulangers, onze tisserands qui emploient une partie de leur temps au travail de la terre, quatre tailleurs pour hommes, deux pour femmes, trois faiseurs de bas aux métiers, deux maîtres sergés, quatre cordonniers pour hommes, un pour femme, deux tailleurs de pierres, six maçons, cinq charpentiers, deux serruriers, un tuilier, cinq hôtes, un charron, et journaliers, sans qu'il y ait entre eux aucune communauté[48]. Les commerçants et artisans, "quoique très habiles et entendus pour leurs métiers, sont presque tous misérables".
Les trois foires sont le 30 avril, le 11 août et le 11 novembre pour toutes sortes de denrées ou bétail. Une place publique couverte fort vaste abrite les mesures en pierre pour le peu de grain qui s'y vend le samedi. Quoique l'endroit soit très bien situé pour cela, le marché du samedi ne vaut rien par rapport à celui de Revel qui est le même jour. Le commerce se rétablira en changeant le jour du marché. Le jour le plus propice serait le mardi ou le lundi, celui de Revel étant le samedi et celui de Puylaurens le mercredi. Ce changement ferait que les habitants débiteraient leurs grains avec beaucoup plus de facilité, et seraient par là mieux en état de payer leurs charges. [Cette proposition n'est pas du goût de Caraman, qui s'insurge, dans une délibération du 4 juin 1741[49], contre les consuls d'Auriac. Ils veulent établir un marché le mardi, alors que le leur est le samedi depuis deux siècles ; ils ne sont éloignés que de trois quarts de lieues et sont en outre tributaires de la chambre à sel de Caraman].
Auriac n'a aucun revenu, quand elle est obligée de faire quelques dépenses, elle le fait par ordre de l'intendant et par imposition. Elle paie au roi : pour la taille 1150 # 8, pour la capitation 1020 # 5, pour le fourrage et les ustensiles néant, pour le dixième 284 # 13, pour l'équivalent 700 #.
En 1791[50] sur ses 1838 habitants, 22 individus ne paient aucune taxe, 40 ne paient qu'une ou deux journées de travail, 20 vieillards sont hors d'état de travailler, auxquels s'ajoutent une vingtaine d'infirmes et 95 enfants de pauvres au dessous de 14 ans ou hors d'état de gagner leur vie. Les 264 malades de l'année bénéficient de 350 # de la municipalité.
La crise de 1709 et le recrutement militaire
"Messieurs, il n'y a plus de Pyrénées", proclame Louis XIV, en 1701, à Versailles devant les ambassadeurs d'Espagne, à qui il présente son petit-fils, le duc d'Anjou, Philippe V, leur nouveau roi. Mais les puissances européennes coalisées s'y opposent et débute la longue guerre de succession d'Espagne, qui se termine après la victoire de Denain par le traité d'Utrecht en 1712. Cette suite de guerres du règne permet à la France de récupérer l'Artois avec Lille, Strasbourg et la Franche-Comté etc., cependant elle use le pays en hommes et obère ses finances.
C'est une Ordonnance Royale de 1688 qui crée les milices et en prévoit le recrutement à la charge des communautés. Cette obligation pèse lourdement sur Caraman et ses finances. Les consuls doivent établir l'état des garçons (les célibataires), de l'âge et taille requis. Ils sont ensuite tirés au sort, habillés aux frais de la communauté. Mais les malheureux, s'ils ne sont pas escortés, désertent avant d'avoir rejoint leurs postes, et c'est ainsi que le 12 février 1702, Jacques Bonay conduit à Lectoure Louis Cazanove, garçon forgeron qui s'est volontairement enrôlé pour soldat. Le 18 décembre 1709, en pleine crise économique, la communauté répond à la demande de l'intendant, faite aux consuls et aux six principaux habitants qu'elle a été épuisée par les garçons qu'elle a fournis les années précédentes, il ne reste que des mendiants. En revanche elle paiera à la place 220 livres, sinon la communauté récalcitrante subira le logement des gens de guerre. L'année suivante, crise de numéraire, la communauté ne trouve pas à emprunter les 240 livres pour les remettre au receveur des tailles, aux lieu et place des soldats. Alors Jacques Bonay s'offre de prêter cette somme et de jouir des émoluments de la ville, jusqu'au complet remboursement, et ce avec la caution du maire, des consuls, et des six principaux habitants. En 1711 encore, "tous les garçons sujets aux dites milices, ayant eu quelques vents, se sont évadés avant le tirage au sort" ; à la prière de Barthélemy Calages juge d'appeaux, et gendre de Jacques Bonay, leur nombre est réduit à deux".
Cette crise est aggravée en 1709 par les conditions climatiques, Emmanuel Le Roy Ladurie évoque la grande gelée de l'hiver 1709 qui s'inscrit dans les traditions du petit âge glaciaire, observées depuis la fin du XVI°, et aux conséquences catastrophiques[51]. En effet nous lisons dans le registre des délibérations au 7 avril 1709, "..considérant l'état déplorable du général et du particulier de cette communauté, réduite dans une extrême misère par l'excessive valeur des grains causée par la stérilité de la récolte passée". Mais ce qui accentue leur misérable état, c'est de "..voir que les semailles de cette année sont mortes dans la terre par les froids extraordinaires qu'il a fait cet hiver". La communauté est dans l'impuissance de payer les charges de l'an passé, et encore moins celles "de la présente qui sont encore plus fortes". Elle supplie l'intendant d'envoyer des commissaires enquêteurs. Le dimanche 14 avril 1709, Jacques Bonay part rencontrer l'intendant à Montauban, d'où il revient le 18, pour lui dépeindre la misère du pays ; l'intendant fera son possible pour procurer à la communauté le plus de soulagement, à condition de lui envoyer le procès verbal de la récolte prochaine. Des mesures draconiennes et coercitives sont prises par la communauté le 23 avril : interdiction du transport des grains, visite des greniers pour évaluer les stocks, obligation de les vendre sur les places publiques et non dans les maisons à peine de confiscation, etc. La situation militaire et politique s'est encore détériorée puisqu'en mai 1709, lors de préliminaires de paix à La Haye, il est demandé à Louis XIV de retourner ses armées contre son fils Philippe V et de le chasser d'Espagne ! A Caraman en mai 1709, ce ne sont que gelées, pluies et inondations, et Barthélemy Calages le juge d'appeaux, promet d'envoyer le procès verbal des dommages à l'intendant et au le contrôleur général pour demander une indemnité proportionnelle aux dommages subis par la perte des récoltes de blé, et autres graines, des vignes et des arbres de toutes espèces. Quant aux états de Languedoc, ils font venir du Levant des blés pour fournir à l'ensemencement des terres[52].
Le 29 août 1755, les orages de grêle et les inondations emportent les millets. De nouveau, le 18 juillet 1756, la communauté dénonce les pluies abondantes de juin, les guérets des terrains sont emportés par le débordement des ruisseaux. Les foins sont totalement gâtés. La nuée ou les brouillards qui tombent sur les blés les ont noircis. Ces mêmes brouillards ont emporté la totalité des raisins, les fèves et autres légumes[53]. Après les chutes de grêle du 29 mai 1766, nous verrons le comte de Caraman offrir du blé en prêt aux victimes.
[1] -A.C.40 D3, 11 pages de délibérations sur ce sujet !
[2] - Cf. aussi Maurice Bordes t. 1 p. 369 pour l'analyse de ces édits de réorganisation des villes et des communautés.
[3] - Cependant, le 30 mai 1772, à l'occasion de nomination à des offices municipaux, l'intendant d'Auch Journet écrit à J. L. de Pagès Bannières : La proposition que vous me faites de consulter m le comte de Caraman, sur le choix à faire des sujets pour occuper les places municipales de votre ville, tirerait à de trop grandes conséquences pour que je puisse l'adopter. Je ne vois pas que le concours des seigneurs soit nécessaire dans ces sortes d'affaires.
[4] - Saint-Jammier, variante de Saint-Jacques.
[5] - Massa, Masso, ou Massons.
[6] - Le cimetière de Bergougnoux est vendu pour la réfection de la cloche rompue qui était à l'église ND. Délibération du 24 05 1682. Il devait y avoir une église dite de Saint-Jean-de-Bergounhous, suivanr Gwénaëlle Levaché op.cit..
[7] - César de Tourtoulon, en 1825, indique dans les travaux faits à la maison, la muraille qu'il démolit jusqu'au "mur de la ville", cf. p. 118.
[8] - Dans les années 1987/88, sous le "Castellas" des ouvriers ont mis à jour des traces de porte avec herse ; la porte de Toulouse, communication Guy Salles.
[9] - Ramière de Fortanier : Histoire du droit municipal. Chartes et franchises du Lauragais. 1939. Texte latin traduit par P. Lotte.
[10] - Cependant Gwénaëlle Levaché op.cit., précise qu'en 1221, on parlait du vin de Caraman qui était réputé, il était interdit aux crieurs de Toulouse de dire "Au bon vin de Caraman" sous peine de confiscation de leurs crus.
[11] - "Contrôler la qualité de la personne et du délit". "La connaissance du cas revient au premier saisi".
[12] - A.D. 31 B9 f° 247. Cf. Samara qui cite une autre transacrion entre le comte et les habitants du 9 octobre 1527.
[13] - A.D. 31 B 29 f° 401 & B 26.
[14] - Le 11 12 1696 la communauté envoie une députation à L'Espinet, pour féliciter monsieur de Riquet, président du parlement de son mariage avec mademoiselle de Broglie.
[15] - Une ordonnance de Sully, en 1604, recommande la plantation des ormeaux. A.D. 81 C 207, et A.D. 34 C 8406.
[16] - A.C. 13D5.
[17] - A.D. 34 C 6857.
[18] - 1721, A.D. 34 C 2768.
[19] - A.D. 31 E 1387.
[20] - Cf. manuscrit de G. Samara .
[21] - A.D. 31 45J5.
[22] - Manuscrit de Marguerite Dufaur.
[23] - A.D. 31 1L 387.
[24] - A.D. 31 G 52, Rapport de J.L. de Pagès Bannières.
[25] - Cf. aussi A.D. 32 C 21.
[26] - A. C. 13D5.
[27] - Madame Le Boursier du Coudray, sage-femme, enseigne au XVIII° s. à la jeune école vétérinaire de Lyon. A Senet : Histoire de la médecine vétérinaire. Que sais-je ? 1953.
[28] - A.C. 6D6.
[29] - A.C. 9E2.
[30] - A.C. 6D6. Cf. aussi G Frèche thèse cf p. 128.
[31] - A.D. 31 1 G 492. Cité par G Frèche op.cit.
[32] - Cf. Maurice Bordes t. II p. 891.
[33] - Cf. aussi Maurice Bordes t. 1 p. 385 sur le principe de répartition de la taille dans les pays d'élection. Quoique dans un pays d'élection, dans les généralités d'Auch et de Montauban, la taille n'est pas personnelle, mais réelle, comme dans le Languedoc.
[34] - Un de leurs descendants C-I Baron comte de Montbel, ministre des travaux publics dans le dernier gouvernement de Charles X, dans ses Souvenirs Plon 1913 évoque son enfance à Caraman dans quelques pages qui montrent l'extraordinaire imbrication de ces familles caramanaises. Il meurt fidèle à la monarchie légitime, à Fohsdorf auprès du comte de Chambord, en 1861.
[35] - Le comte de Villèle (1773-1854) sera le grand ministre de Louis XVIII et Charles X, pendant 6 ans.
[36] - Le 31 janvier 1675, Antoine Bret, prêtre et vicaire de Caraman, est dit natif d'Irlande. A.D. 82 C 269.
[37] - A.D. 31 C 1122
[38] - A.C. G1 et G2.
[39] - Op.cit. p. 541.
[40] - A.D. 32 C 22.
[41] - A.D. 31 C 2054
[42] - A.D. 31 1 L 277.
[43] - Cf. Guy Salles.
[44] - A.D. 34 C 45. Malheureusement nous n'avons pas découvert de notice identique pour Caraman dans les archives de l'intendance d'Auch.
[45] - Jean Baptiste d'Olivier baron du Bouzet est seigneur du chef de sa femme, Marie Charlotte de Batigne dame du Faget. Elle descend, par les Montesquiou, de Jacques des Guillots qui a acheté la baronnie d'Auriac, le 2 août 1516, à Antoine de Caraman.
[46] - Les d'Arailh se succèdent pendant plusieurs générations comme juge d'Auriac, Pierre d'Arailh est aussi juge ordinaire de Caraman.
[47] - Cf. Dom Vaissete t. XI p. 879.
[48] - Aucun n'exerce en société.
[49] - A.C. 13 D4.
[50] - A.D. 31 1 L 277.
[51] - In : Histoire de la France rurale sous la direction de Georges Duby ; cf. aussi de Pierre Goubert : Louis XIV et vingt millions de français.
[52] - A.D. 31 C 321.
[53] - A.C. 13 D 4.